Pour mieux détecter précarité et violences, le Loiret recrute deux « intervenants sociaux » en gendarmerie
Voir ce que ne dira pas celui qui vient porter plainte, l’accompagner, l’orienter pour briser le cycle de la précarité sociale : voilà le rôle des intervenants sociaux en gendarmerie. Le Loiret recrute à ce poste deux agents supplémentaires dès fin mars 2021.Publié le 20/03/2021 à 11h24
Observer, détecter, soutenir, accompagner. Voilà comment on pourrait résumer le rôle des intervenants sociaux en gendarmerie. Le département du Loiret a annoncé deux recrutements à ce poste, avec une convention à signer le 25 mars en présence du préfet.
Les intervenants sociaux, un « guichet unique » pour repérer la précarité
Selon GendInfo, le magazine de la gendarmerie nationale, ces intervenants sociaux étaient 349 à exercer en France en 2020, dans un cadre de référence créé en 2006.
Ils ont la lourde charge d’essayer de repérer, au milieu de l’exercice policier, les situations de détresse sociale : enfance maltraitée, violences faites aux femmes, problèmes liés à la santé mentale, dérive sectaire, détresse financière… Et l’Association Nationale d’Intervention Sociale en Commissariat et Gendarmerie le précise bien : « leur présence représente un guichet unique qui peut tout aussi bien recevoir des auteurs d’infractions, des victimes ou des personnes qui ne sont ni victimes, ni auteurs. »
« On nous disait : ça va s’arranger » : l’accueil en gendarmerie pointé du doigt
L’existence de ces professionnels du social n’est pas nouvelle, mais leur rôle est mis en avant pour résoudre une problématique amenée avec de plus en plus de force dans le débat public par les associations féministes : l’accueil dans les commissariats. Plusieurs enquêtes et recueils de témoignages ont mis en évidence des lacunes dans ce domaine, particulièrement concernant les violences faites aux femmes. Propos sexistes, culpabilisation de la victime, banalisation des situations violentes…
L’histoire de Cécile Piquet, tuée en décembre 2020 par son ex-mari malgré 22 plaintes auprès de la gendarmerie est l’un des exemples les plus récents, et les plus tragiques, de ces manquements. A la gendarmerie, « on nous disait « ça va s’arranger, on n’a jamais vu quelqu’un être tué parce qu’il y a une dispute de ménage », a témoigné le père de la victime. Son avocat le confirme : les gendarmes n’ont pas su voir le danger à travers l’image de la « femme forte ».
En repérant les situations de détresse et en assurant le passage du relais aux services sociaux locaux, les intervenants sociaux en gendarmerie sont un rouage essentiel Yacha Hajzler