Beaune: lenteur judicaire, violences, un officier de gendarmerie livre sa vérité dans un livre
Hervé Moreau rompt le silence dans un livre qui s’intitule Vérités d’un capitaine de gendarmerie . L’ouvrage fait polémique. Le capitaine de gendarmerie raconte en détail ses quatre années passées à la caserne de Beaune en Côte d’Or. Il évoque également une future carrière politique.
Publié le 02/03/2021 à 19h21 • Mis à jour le 03/03/2021 à 15h22
Plus de 30 ans à porter l’uniforme de gendarme. Hervé Moreau, 51 ans, est officier de gendarmerie actuellement capitaine dans l’Oise. Dans un livre témoignage, Vérités d’un capitaine de gendarmerie, paru en octobre 2020 il décide de rompre le devoir de réserve. Les gendarmes de France y sont soumis. Sa motivation principale est de raconter en toute transparence ces quatre années à la gendarmerie de Beaune en Côte d’Or. Et toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire selon lui : « J’ai voulu témoigner de ce que vivaient les victimes au regard de ce que j’avais identifié et connu pendant quatre années à la gendarmerie. Faire savoir ce qu’il en était de ce que connaissent tous ces hommes et femmes qui sont au plus près de la population ».
Au fil des pages, Hervé Moreau livre différentes histoires qu’il a vécues au sein de la caserne de Beaune. Il pointe aussi du doigt la lenteur de la justice. Il dénonce « la faillite » du système judiciaire français qui, selon lui » est en dessous de tout aujourd’hui » et « cultive une impunité devenue insupportable ». Selon le gendarme, elle alimente également la « désespérance » de ses collègues.
« J’ai vraiment voulu faire savoir à la population de ce qu’il en était d’un arrondissement rural tel que celui de Beaune «
Hervé Moreau, capitaine de gendarmerie
Autre cause qu’il met en avant, l’insécurité croissante à laquelle sont confrontés les gendarmes au quotidien, y compris en milieu semi-rural. « J’ai voulu indiquer à travers quelques affaires parmi les plus emblématiques et symptomatiques, ce qu’il en était de cette violence [dans] un arrondissement rural tel que celui de Beaune où il se passe beaucoup de choses. Cette insécurité est de en plus en plus répandue » estime le militaire.
5 000 exemplaires déja vendus et une nouvelle édition en cours
Cette liberté de ton d’un gendarme normalement soumis au droit de réserve a connu un certain succès. Son ouvrage a été publié en octobre 2020 à compte d’auteur. Aujourd’hui 5000 exemplaires ont été vendus. Le succès est tel qu’il va republier une nouvelle édition.
Après la parution du livre, les témoignages de soutien à Hervé Moreau ont été nombreux « Tous les jours, je reçois des lettres de gendarme, officiers, sous-officiers, retraités, ou actifs. Et ils me disent à quel point j’ai su écrire et décrire de ce qu’étaient leurs vies ».
En revanche, cela a été différent avec ses supérieurs. Beaucoup d’entre eux n’ont pas apprécié la franchise du gendarme : « La hiérarchie l’a beaucoup plus mal vécue bien entendu » Pourtant, le militaire n’a pas véritablement été rappelé à l’ordre. « Ils ont été d’un immobilisme qui m’a surpris, reconnait Hervé Moreau. Je m’attendais à être puni, à pâtir de sanctions disciplinaires au regard de la rupture du devoir de réserve assez précocement et ça n’a pas été le cas ».
Derrière ce livre polémique, Hervé Moreau ne cache ses ambitions politiques. Il quittera le service actif dans quatre mois et souhaite se présenter sous la bannière des Républicains aux prochaines élections législatives. Son but est de proposer de nouvelles lois comme abaisser la majorité pénale à 15 ans ou augmenter le nombre de places dans les prisons françaises.
Un reportage de Christophe Tarrisse, Gabriele Porrometo et de Pierre Bouillot
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Bamba Gueye