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Le drame des Grandes Jorasses il y a 50 ans, un tournant dans l’organisation des secours en montagne
Il y a tout juste 50 ans, la tentative d’ascension des Grandes Jorasses par la pointe Walker, de René Desmaison et Serge Gousseault, s’est terminée en drame. Un drame qui a fait polémique et changé définitivement l’organisation des secours en montagne.
Publié le 25/02/2021 à 11h48 • Mis à jour le 25/02/2021 à 12h09
Haute-SavoieChamonix-Mont-Blanc
Les Grandes Jorasses, une montagne mythique dans le massif du Mont Blanc. En février 1971, René Desmaison, un guide très expérimenté, part à l’assaut du sommet par la face nord, la pointe Walker (4 208 m), en duo avec un jeune alpiniste, Serge Gousseault. Cette tentative se solde par un drame et une polémique. Et va déboucher sur la fin de l’intervention des guides dans les sauvetages en montagne.
Retrouvez ci-dessous le récit d’Amaelle Brignoli avec le témoignage de René Desmaison (2005) et de Blaise Agresti, ancien commandant du Peloton de gendarmerie de haute-montagne.
L’ascension hivernale de la pointe Walker par René Desmaison et Serge Gousseault débute le 9 février 1971. C’est à l’époque l’ascension la plus difficile jamais réalisée dans les Alpes.
Au bout de 10 jours, Serge Goussault faiblit. Après 1100 mètres d’ascension, il a les mains gelées, et ne peut plus avancer. Les deux hommes se retrouvent bloqués à seulement 80 mètres du sommet.
Un lapsus gestuel
Le soir du 19 février un hélicoptère des secours s’approche pour vérifier que tout va bien mais les deux alpinistes et le pilote ne se comprennent pas. « C’est ce qu’on appelle un lapsus gestuel » explique Blaise Agresti, ancien commandant du PGHM. L’hélicoptère redescend donc dans la vallée de Chamonix. Et tout le monde pense que les alpinistes, proches du sommet, vont réussir.
Trois jours passent. Un second hélicoptère est envoyé. Les secours captent la détresse des alpinistes mais il est déjà trop tard pour Serge Gousseault mort d’épuisement et de froid. Le 25 février un hélicoptère de la sécurité civile parvient enfin à se poser au sommet. René Desmaison est sauvé de justesse.
La polémique
Est-ce qu’un règlement de compte entre guides n’aurait pas été à l’origine du retard des secours ? René Desmaison était persuadé qu’on avait voulu sa mort. Aujourd’hui encore, le mystère plane autour de cette affaire. Elle est en tout cas à l’origine d’un changement dans l’organisation des secours.
Jusqu’ici les équipes étaient composées de guides et de gendarmes, « à partir de 71, c’est terminé, ce sont les gendarmes qui vont définitivement prendre la mission explique Blaise Agresti. Cette affaire survient en effet quelques années après l’affaire Vincendon et Henry, dont l’agonie en montagne a été imputée à la désorganisation des secours, et qui marque l’entrée des gendarmes dans le secours en montagne avec la naissance du PGHM de Chamonix.
Ci-dessous, retrouvez le récit de l’affaire Vincendon et Henry. Archive de l’Ina. La tentative avortée de leur sauvetage est relatée à travers plusieurs témoignages.
Anne Hédiard