Le président des «Amis de la gendarmerie» présente les enjeux et perspectives de l’association
«Il est important pour la gendarmerie d’être soutenue par une association», affirme le général Pierre Durieux, président de la Société nationale des anciens et amis de la gendarmerie, devenue en mai 2013 les «Amis de la gendarmerie». Dans une interview à AEF Sécurité globale, il décrit le fonctionnement de cette association créée en 1932 pour être «une sorte d’outil de lobbying afin de faire rayonner l’institution». L’association a modifié ses statuts pour «recentrer son action sur le rayonnement au profit de la gendarmerie». Ses objectifs sont notamment de «promouvoir les valeurs portées par la gendarmerie nationale, transmettre ces valeurs aux jeunes générations et consolider les liens entre la gendarmerie et la Nation». Pierre Durieux souligne en outre que la feuille de route présentée par le directeur général de la gendarmerie «a l’immense mérite du langage de vérité».
AEF Sécurité globale: Quand a été créée l’association Snaag devenue aujourd’hui les « Amis de la gendarmerie»?
Pierre Durieux: Notre association a été créée en 1932 par le colonel Georges Lélu, très attaché au prestige de la gendarmerie et à la nécessité de son rayonnement. Il crée la «Société nationale des anciens officiers de la gendarmerie, des gardes républicaines et des amis de la gendarmerie», pour en faire une sorte d’outil de lobbying afin de faire rayonner l’institution. D’emblée, l’association s’appuie sur la société civile, «les amis de la gendarmerie», même si ses principaux cadres sont d’«anciens officiers» et si, dès 1934, les officiers d’active sont autorisés par le ministre de la Guerre à y adhérer. Elle se développe fortement dans les régions du Nord et en Alsace, qui sont encore très représentées aujourd’hui. 90% de nos effectifs sont des «civils», extérieurs à la gendarmerie. L’association atteint les 25.000 adhérents au début des années 1980, puis le nombre des effectifs n’a cessé de décliner.
AEF Sécurité globale: Comment expliquez-vous cette diminution des adhésions et combien d’adhérents comptez-vous aujourd’hui?
Pierre Durieux: Un faisceau de raisons explique ce phénomène qui est général et d’ordre sociétal: l’individualisme, le repli sur soi d’où la difficulté à trouver des dirigeants d’association qui s’engagent dans la continuité, les contraintes qui pèsent sur l’organisation de la vie associative et la multiplication de l’offre d’activités qui se font de plus en plus hors structure associative. Enfin, pour notre cas, un resserrement progressif de l’activité conviviale. Pour être complet, il faut bien dire que l’approche des gendarmes pour bénéficier d’indulgences sur le bord de la route a joué un rôle dans des adhésions à une certaine époque, ce n’est plus le cas. Aujourd’hui, l’association compte environ 10.000 adhérents. Avec cette évolution d’ouverture que nous conduisons, des comités, c’est à dire des sections locales,se créent et les effectifs augmentent en se diversifiant.
AEF Sécurité globale: Pourquoi la Snaag a-t-elle changé de nom en mai dernier?
Pierre Durieux: Les 23 et 24 mai 2013, lors du congrès annuel, l’assemblée générale a en effet adopté le nouveau nom «les Amis de la gendarmerie» et modifié les statuts de l’association pour recentrer son action sur le rayonnement au profit de la gendarmerie. Pour rayonner et soutenir les gendarmes, il est nécessaire de communiquer pour être visible et crédible. Cela nous a donc poussés à changer de nom, car les acronymes ne sont jamais très compréhensibles.
Cette évolution d’amplification de la mission de rayonnement au profit de la gendarmerie et d’ouverture de l’association est fortement appuyée par le directeur général, successivement les généraux d’armée Jacques Mignaux et Denis Favier. Il est important pour la gendarmerie d’être soutenue par une association. De fait, en 2013, nous avons décidé de travailler sur le thème des valeurs de la gendarmerie et de présenter une synthèse des réflexions lors du congrès de Rochefort, l’an prochain.
AEF Sécurité globale: Quels sont les objectifs de l’association?
Pierre Durieux: Les objectifs, définis dans nos statuts, sont de promouvoir les valeurs portées par la gendarmerie nationale, transmettre ces valeurs aux jeunes générations, soutenir les gendarmes dans leurs missions au service de la population, consolider les liens entre la gendarmerie et la Nation et entretenir un réseau associatif qui regroupe des adhérents chargés d’assurer le rayonnement de l’association au profit de la gendarmerie. Il s’agit d’une association d’intérêt général, notre action se fait donc au profit d’une institution nationale chargée de missions régaliennes de l’État. Nous n’avons pas de vocation corporatiste, en ce sens que nous sommes une société ouverte à tout citoyen, dès lors qu’il partage les valeurs et que son parrain se porte garant. Il s’agit d’une sorte de «garantie morale».
Ce caractère particulier d’ouverture qui nous distingue des autres associations de gendarmerie, nous rend complémentaires et justifie notre place dans le comité de coordination de ces associations.
AEF Sécurité globale: Quels sont les moyens d’action des «Amis de la gendarmerie»?
Pierre Durieux: Pour assurer le rayonnement attendu de la gendarmerie nationale, il est important d’avoir des effectifs en quantité et en qualité et donc d’être actif sur l’ensemble du territoire. Il existe aujourd’hui 120 comités locaux, il faut adapter nos structures à notre mission de rayonnement en les développant. Une meilleure capacité d’accueil des adhérents est indispensable à notre action. Nous avons les moyens traditionnels de communication: un site interne; une revue trimestrielle avec un dossier central sur des thèmes des plus variés et leur application dans la gendarmerie. Nous avons ainsi évoqué l’enseignement à distance, le Tour de France, le maintien de l’ordre public, et nous allons bientôt traiter de sujets comme la cybersécurité, la sécurité nucléaire, les moyens aériens.
Notre action est tournée vers l’extérieur, à l’occasion des relations personnelles de nos adhérents. Certains comités organisent des réunions, sont présents sur certaines manifestations, s’expriment dans la presse locale… Pour cela, il est nécessaire d’être proche des gendarmes d’active, de bien les connaître pour qu’il n’y ait pas de fossé entre ce que nous relayons et la réalité.
AEF Sécurité globale: Vous avez rencontré avec les autres associations de la gendarmerie, le 24 juin 2013, le nouveau directeur général de la gendarmerie. Quelles étaient vos attentes?
Pierre Durieux: C’était une réunion comme nous en avons régulièrement. Celle-là présentait un double intérêt: la première rencontre avec le nouveau directeur général et des échanges sur la feuille de route qu’il venait de présenter pour la gendarmerie.
AEF Sécurité globale: Que pensez-vous de cette feuille de route présentée par le général Denis Favier?
Pierre Durieux: Elle donne du souffle à l’action pour «ne pas subir», et traduit une ambition positive «soyez fiers». Elle a l’immense mérite du langage de vérité: «avec moins de moyens, plus que jamais, il faut se recentrer sur le cœur du métier».
Source: Sécurité Globale – Dépêche n° 9359 – Paris, mardi 9 juillet 2013.