09Landivisiau. Le gendarme dresse un faux PV au prof de son fils
30 septembre 2015 à 07h19/ Ronan Tanguy /
Un gendarme a écopé de deux ans de prison avec sursis, début septembre, à Brest. Alors que son garçon venait d’être exclu, en 2011, d’un collège de Landivisiau, le militaire avait rédigé un faux procès-verbal à l’encontre du professeur de maths de son fils. Par vengeance.
« C’est une histoire nauséabonde et des faits d’une idiotie absolue ». Avocat de la partie civile, Me Courtet n’est pas tendre lorsqu’il revient sur cette affaire passée entre nos mailles lorsqu’elle avait été évoquée devant le tribunal correctionnel de Brest, le 1e r septembre dernier. Ce jour-là, à la barre, se trouvait un gendarme de 43 ans. Il lui était reproché un faux en écriture publique. Concrètement, il était soupçonné d’avoir dressé un procès-verbal bidon contre un homme de 54 ans.
Il faisait du vélo ailleurs…
Les faits remontent à 2011. Au mois de mai, le jeudi 12 précisément, un adolescent de 13 ans, élève en 5e, est définitivement exclu du collège de Kerzourat, à Landivisiau, pour non-respect du règlement intérieur à de multiples reprises. Une sanction qui, visiblement, n’est pas du goût de son père, gendarme en poste à la brigade locale. Trois jours plus tard, le dimanche 15 mai, le militaire va rédiger un procès-verbal signalant qu’un automobiliste n’a pas respecté un stop, vers 17 h 30, rue Jeanne-d’Arc, en plein centre-ville de Landivisiau. « Je n’ai reçu le PV que deux ou trois mois plus tard », raconte le soi-disant contrevenant, qui se trouve être le professeur de maths de l’adolescent exclu. Très vite, il fait le rapprochement. « J’ai alors tenté à deux reprises de faire en sorte qu’il revienne sur ses dires. En vain », explique l’enseignant, qui ne pouvait pourtant pas avoir grillé le stop. « Car ce jour-là, à cette heure-là, je faisais du vélo avec un ami, à Guimiliau », certifie-t-il.
Une radiation probable
Face à la crédibilité des témoignages recueillis, une enquête est ouverte par la brigade de recherches de Brest. Elle va déboucher, en janvier dernier, sur les aveux du gendarme, muté entre-temps à Douarnenez. Le 18 juin, il est convoqué devant les juges du tribunal de Brest pour une audience à huis clos au cours de laquelle il a la possibilité d’accepter une peine de reconnaissance préalable de culpabilité : trois mois de prison avec sursis et des dommages et intérêts. Mais il ne s’était pas présenté. Et c’est donc le 1e r septembre qu’il a comparu. Au terme des deux heures d’audience, il a reconnu les faits du bout des lèvres, expliquant avoir agi par vengeance. Les juges ont été très sévères en condamnant le prévenu à deux ans de prison avec sursis et à verser 2.400 € au plaignant, qui n’a pas fait appel. Actuellement en congé de longue durée, le militaire a été sorti des effectifs du groupement de gendarmerie finistérien. Une enquête interne est en cours. Elle devrait déboucher sur la radiation du gendarme.