Gironde : les gendarmes s’affichent sur Facebook
Oubliée la moustache que la maréchaussée avait obligation d’arborer. Remisées et réformées les estafettes qui battaient la campagne. L’image quelque peu vieillotte de l’institution a été dépoussiérée. La gendarmerie vit avec son temps, est à la page et a même sa page Facebook. En Gironde en tout cas.
La page a été créée le 11 octobre dernier. Ce n’est pas la première, mais chaque groupement l’anime comme il veut. Si elle sert évidemment de vitrine à la gendarmerie départementale, elle refuse d’être une superposition d’annonces pour des recrutements ou de conseils indigestes.
« Je voulais un échange avec les citoyens, explique le colonel Ghislain Réty, commandant du groupement de la Gironde. De l’adolescent au quatrième âge, désormais tout le monde est sur Facebook. Le but est aussi de faire savoir et d’expliquer nos actions ». Faire savoir les secteurs et horaires de contrôles routiers pour changer les comportements, dire que la hausse des cambriolages peut être ralentie par un réflexe de voisins vigilants, rappeler pourquoi les fraudes sur Internet ne sont pas une fatalité.
Le colonel voulait aussi que les internautes s’y retrouvent. «Nous avions beaucoup d’objets volés, notamment des bijoux, saisis lors d’enquêtes et de perquisitions, dont on ne trouvait pas les propriétaires. Nous avons entrepris de les restituer si les gens munis de preuves les reconnaissaient.» L’opération était accompagnée de la photo d’un lama. «Comme Serge, plus de 500 objets volés en Gironde ne demandent qu’à retrouver leur propriétaire». Ce ton teinté d’humour et raccord avec l’actualité est la marque de fabrique du colonel Réty qui annonçait en plein début des soldes -20 % voire -40 % sur… l’accidentologie dans le département. Il joue les modérateurs, fait taire les rumeurs, poste des liens vers des articles de presse et répond à certaines sollicitations. De ces échanges avec plus de 4000 «amis» ressortent aussi des doléances.
Comme cette mère d’Ambarès qui tous les matins manque de se faire écraser par des automobilistes qui ne respectent pas la zone 30 dans sa rue. Elle a laissé un commentaire début décembre. Moins de quinze jours plus tard, des contrôles ont été effectués dans cette rue en plus des opérations habituelles. Bilan en une heure : 25 infractions relevées, essentiellement commises par… des riverains. La prochaine fête des voisins pourrait être tendue.
À ceux qui crient à l’appel à la délation, le colonel rétorque qu’il s’agit davantage d’un «appel à la citoyenneté». Voire d’un appel à témoin.
Il y a peu, un homme n’ayant aucun papier sur lui s’est retrouvé dans le coma après avoir été percuté par une voiture à Macau. Le piéton avait un tatouage qui a été décrit sur la page Facebook. En moins de quatre heures et après 118 000 visites, l’homme a pu être identifié.
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