Manuel Valls déploie un projet expérimental en Corse rapprochant gendarmerie et police
- Par Jean Crozier
- Publié le 30/01/2014 | 16:48, mis à jour le 31/01/2014 | 19:07
Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls a fixé jeudi sa feuille de route à la police judiciaire (PJ), lui demandant notamment d' »amplifier son investissement » dans les zones de sécurité prioritaires (ZSP) et d’éviter toute guerre des polices.
Le ministre a assisté à un séminaire ayant réuni à Paris les principaux responsables de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) sous la houlette de sa nouvelle « patronne » Mireille Ballestrazzi, nommée le 11 décembre dernier à l’issue d’un mouvement des têtes de la PJ française.
Les responsables des 23 antennes de la PJ en place dans les 80 ZSP étaient présents et le ministre a « salué » leur travail dans ces quartiers sensibles, objectif numéro un du gouvernement qui y relève des « résultats ».
Les « chiffres sont encourageants », a dit le ministre mais « ils ne sont pas suffisants ».
Plus de luttes intestines stériles et contre-productives
« L’action de la DCPJ n'(y) est pas égale partout. Il faut donc amplifier l’investissement de vos services », a-t-il poursuivi, observant que « ce sont essentiellement les trafics de stupéfiants qui alimentent l’économie souterraine dans ses zones » et « favorisent l’existence de caïdats ».
Plus de guerre des polices non plus: dans les ZSP comme partout ailleurs, le ministre a appelé à « renforcer la synergie » avec les policiers de sécurité publique (gardiens de la paix) et à mettre en place une « meilleure coordination » avec la gendarmerie.
« Le combat contre le crime ne s’accommode pas de luttes intestines stériles et contre-productives », a prévenu M. Valls, qui « accepte l’émulation » entre ses services à la condition qu’elle « ne cède pas le pas à la rivalité ».
Deux exemples: la Corse et Antilles/Guyane
« Des voyous, dans notre pays, il y en a pour tout le monde », a-t-il tonné, ce qui est assez inhabituel dans sa bouche.
Une « nouvelle organisation » des services PJ/sections de recherches (SR) de la gendarmerie a été ainsi mise en place en Corse et Antilles/Guyane, a-t-il relevé à titre d’exemple.
Le ministre a annoncé par ailleurs pour 2014 la création d’une plateforme numérique « de signalement en matière de corruption », ainsi que d’un « centre d’alerte » et de « réponse » aux attaques informatiques pour le grand public et les entreprises.
Il a aussi insisté — outre la lutte contre les cambriolages, objectif de 2014 face à leur hausse en France — sur la nécessité de « frapper les délinquants au
portefeuille ».
Des réformes ambitieuses
Les avoirs criminels (biens saisis aux délinquants) ont augmenté de 30% en 2013 pour la DCPJ: plus de 224 millions d’euros sur un montant global de 357 millions d’euros.
« Il faut poursuivre dans cette voie »n a-t-il demandé.
« En 2013, les résultats (de la DCPJ) ont été à la hauteur de votre engagement »‘, a estimé le ministre devant les responsables de la PJ, qualifiant les « réformes » d' »ambitieuses » et « nécessaires ».