L’envoi de gendarmes français en Centrafrique envisagé
En décembre dernier, le général de gendarmerie Bertrand Cavallier, ancien chef du Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie de Saint-Astier (24), avait plaidé dans les colonnes du Point et du quotidien La Croix pour l’envoi à Bangui d’au moins deux escadrons de gendarmes mobiles, placés sous le commandement de l’armée de Terre, afin de “favoriser le contact avec les populations et gérer de façon très proportionnée les troubles à l’ordre public aux côtés des forces de sécurité africaines de la Misca” (*).
Cet ancien officier (il a quitté le service actif en 2011) a en outre fait valoir que, par le passé, la France avait“su déployer des dispositifs intégrant plusieurs composantes, dont la gendarmerie mobile, spécialisée dans la restauration de la sécurité publique”. Cela fut notamment le cas au Kosovo (1999-2000), où la situation était, selon lui, “assez comparable en terme d’antagonismes très profond des populations” avec celle qui prévaut aujourd’hui à Bangui (« massacres, charniers, exactions, représailles, etc… »).
“Les gendarmes sont des militaires, ils ont la même formation de base, le même statut et ont une interopérabilité avec l’armée de Terre”, avait encore ajouté le général Cavallier.
La question d’un éventuel déploiement de gendarmes à Bangui a été posée lors d’une audition, à l’Assemblée nationale, du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, invité à s’exprimer au sujet de l’opération Sangaris, lancée le 5 décembre 2013 en Centrafrique pour tenter de mettre un terme aux violences qui ensanglantent le pays depuis plus d’un an.
“Au sein de la MISCA, le nombre de gendarmes et policiers devrait passer de 400 à 800. Le déploiement de gendarmes français est-il prévu, ne serait-ce que pour encadrer des forces de l’ordre venues de pays de l’Union africaine ? Cela permettrait de redéployer nos soldats vers des missions plus spécifiquement militaires”, a ainsi demandé Philippe Folliot, député du Tarn. “N’aurait-on pas intérêt à envoyer des gendarmes français, plus aguerris à ce type de mission (ndlr, maintien de l’ordre)?”, a renchérit son collègue Christophe Guilloteau.
Visiblement, M. Le Drian n’est pas opposé à cette éventualité. “Nous y réfléchissons”, leur a-t-il répondu, après avoir rappelé que “les affrontements avec les milices armées sont bel et bien des opérations de combat”. Mais, a-t-il admis, “à Bangui même, d’autres forces doivent effectivement intervenir : celles de la MISCA le font de plus en plus, mais l’hyptothèse de la gendarmerie, y compris européenne, reste posée, surtout si la situation continue d’évoluer favorablement”.
“L’une des difficultés de la situation que nous avons trouvée en arrivant sur place était que les gendarmes et policiers centrafricains, réputés réguliers, étaient en réalité des Séléka déguisés”, a expliqué le ministre de la Défense, avant d’affirmer que “la présence de gendarmes européens me paraît effectivement nécessaire”
(*) “L’armée peut-elle rétablir la sécurité en Centrafrique“, La Croix, 30 décembre 2013