80e anniversaire du débarquement et de la bataille de Normandie : une manœuvre d’ampleur anticipée de longue date
- Par Antoine Faure
- Publié le 30 mai 2024
En Normandie, le mois de juin va être rythmé par les nombreuses festivités et cérémonies officielles, dans la cadre de la célébration du 80e anniversaire du débarquement. Un enjeu de sécurité majeur que la gendarmerie anticipe et planifie depuis plus d’un an.
Le 6 juin 2023, le président de la République, Emmanuel Macron, parlait du 79e anniversaire du débarquement et de la bataille de Normandie comme « un point d’étape avant un anniversaire ô combien important qui se prépare dès maintenant ». Cette 80e bougie, nous y sommes ! Événement de grande ampleur à la portée internationale, cette commémoration comprend de nombreux temps forts, cérémonies officielles et festivités diverses.
Pour la gendarmerie nationale, il s’agit d’un enjeu de sécurisation de la plus haute importance. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 6000 gendarmes engagés au plus fort de la semaine : gendarmes départementaux, mobiles, réservistes, sans oublier 550 élèves-gendarmes de l’école de gendarmerie de Châteaulin, le 6 juin. Tout ce que la gendarmerie compte d’appuis spécialisés sera bien entendu sollicité avec un dispositif 3D conséquent – six hélicoptères, sept cellules de lutte anti-drone, cinq cellules drone – 450 motocyclistes, jusqu’à 50 militaires d’intervention spécialisée du GIGN, 23 équipes cyno explo, ainsi que des cavaliers, des tireurs d’élite et des membres de la Section de protection et d’appui drones (SPAD) de la Garde Républicaine. Ce dispositif est renforcé par des Officiers de police judiciaire (OPJ) spécialisés de la Gendarmerie maritime (GMAR), de la Gendarmerie de l’air (GAIR) et la Gendarmerie des transports aériens (GTA), pour faire face à tout événement judiciaire d’ampleur. Jusqu’à 47 Unités de force mobile (UFM) seront mobilisées le 6 juin.
« La manœuvre regroupe de nombreuses technicités et spécialités de la gendarmerie pour pouvoir faire face à tout type d’événement qui pourrait survenir dans différents domaines », résume la lieutenante-colonelle Sophie Périgord, cheffe du Centre zonal des opérations (CZO) au sein de la Région de gendarmerie Bretagne.
Une semaine de mentorat avec le CNO
Pour planifier une telle opération, il faut une forte anticipation. Pour la gendarmerie nationale, tout a commencé en avril 2023, par la désignation du général de corps d’armée Hubert Bonneau, commandant de la Région de gendarmerie Bretagne, commandant la gendarmerie pour la zone de défense et de sécurité ouest, comme COMFORGEND (Commandant des forces de la gendarmerie) pour ce 80e anniversaire. « À partir de là, nous nous sommes mis rapidement en état de marche, poursuit la LCL Périgord, avec les premiers échanges avec les préfectures de la Manche et du Calvados, les deux départements concernés au sein de la région Normandie. Ces travaux préparatoires ont permis au COMFORGEND d’éditer la Directive initiale de planification (DIP) au mois d’octobre 2023. »
Au mois de novembre, le CZO a reçu l’appui du Centre national des opérations (CNO) pour une semaine de mentorat. « Il s’agissait d’appliquer une méthode de raisonnement tactique pour la conception de la manœuvre, explique la cheffe du centre. La création des CZO étant assez récente, nous n’avions pas eu encore l’opportunité, sur la zone ouest, d’en concevoir une d’une telle ampleur. Nous avons ensuite soumis au COMFORGEND l’état de nos réflexions, ainsi qu’un mode opératoire tenant compte des enjeux et des objectifs à atteindre, de l’état de la menace, des contraintes, des sensibilités des différentes cérémonies, etc. Cela afin de proposer le dispositif le mieux adapté, avec une articulation et une répartition des forces. Une fois cette conception de manœuvre validée, le COMFORGEND a pu procéder à l’établissement de l’ordre d’opération. »
L’objet de cet ordre d’opération était de définir les missions des différents groupes opérationnels, pilotés par le Groupe de planification opérationnelle (GPO), dont les militaires sont issus des bureaux du CZO : renseignements, veille opérationnelle et mobilités, opérations de la gendarmerie mobile, conduite de la planification et appui opérationnel. Pour l’aspect soutien, logistique et finances, le COMFORGEND a missionné la Région de gendarmerie Normandie.
La manœuvre comprend donc trois niveaux : stratégique (rôle de l’État et des préfectures) ; opératif (rôle du GPO aux ordres du COMFORGEND) ; tactique (rôle des chefs de groupes opérationnels).
« Dans un premier temps, les personnels sont restés à Rennes, puis, à partir du mois de janvier 2024, plusieurs éléments ont été projetés à Caen afin de travailler avec les préfets et leurs directeurs de cabinet et en lien avec la Cellule de planification préfectorale (C2P), décrit la lieutenante-colonelle Sophie Périgord. Nous avons également une réunion hebdomadaire avec le COMFORGEND, l’ensemble des « J » (pour Joint, interarmées, suivie d’un chiffre pour la fonction, selon la nomenclature de l’OTAN, NDLR) et des chefs de groupes opérationnels, la communication, le groupe 3D et le GIGN pour faire un point de situation, obtenir des arbitrages et des validations. »
Une organisation rigoureuse qui permettra aux unités de la gendarmerie de se déployer de manière efficace et pertinente, pendant toute la durée de ces commémorations, pour la sécurité des 25 chefs d’État et de Gouvernement, des nombreux touristes et de la population locale. On attend un million de spectateurs lors de cet anniversaire.