Eure. Vols de cuivre, dégradations… Le réseau Orange placé sous haute surveillance
Orange et les services de l’État ont signé une convention pour améliorer la lutte contre les malveillances envers les réseaux télécoms, dans l’Eure. Une première en Normandie.
Par Valentin Lebossé
Publié le 24 Juil 21 à 8:02 La Dépêche ÉvreuxMon actuSuivre
L’Eure n’est pas épargné par les actes de malveillance envers les réseaux de télécommunication. Cinq vols de câbles en cuivre et trois tentatives sur le réseau Orange en 2020, déjà trois vols cette année.
Des dégradations aux conséquences potentiellement graves pour les abonnés :
« Quand on sectionne un câble pour voler le cuivre à l’intérieur, on peut priver des milliers de personnes de la possibilité de communiquer avec l’extérieur et empêcher, par exemple, quelqu’un de prévenir les secours pour un proche qui fait un infarctus »Jérôme FilippiniPréfet de l’Eure
Pour améliorer la lutte contre ces malveillances, une convention a été signée avec Orange, lundi 19 juillet 2021, à Évreux, en lien avec les services de police, gendarmerie et justice.
Collaboration plus étroite
« C’est la première déclinaison en Normandie d’une convention nationale qui lie l’État aux opérateurs », précise Jérôme Filippini. Objectifs: faciliter les échanges d’informations ainsi que les dépôts de plainte, déjà systématiques en cas de dégradation d’infrastructures, et renforcer la collaboration dans les enquêtes menées par les services de l’État.
En clair, les forces de l’ordre vont accorder à ces faits « une priorité dans le traitement des plaintes », explique Olivier Beauchamp, directeur départemental de la sécurité publique. Depuis 2018, Orange a porté plainte à dix-huit reprises pour vol de cuivre, en zone gendarmerie, dans l’Eure.
Jean-Yves Bouédo évoque toutefois « des dégradations limitées en volume et en nature » dans le département. « Nous n’avons pas enregistré d’incendie volontaire contre des armoires de raccordement au réseau fibre ou contre des pylônes sur le réseau mobile », fait savoir le commandant adjoint au groupement départemental de gendarmerie.
À l’échelle nationale, Orange déplore « 61 sites mobiles dégradés » parmi « plus de 130 actes de sabotage » depuis janvier 2020. Suivent des réparations qui peuvent être complexes, longues et onéreuses pour l’opérateur. Son directeur des relations avec les collectivités locales, Cyril Luneau, chiffre le préjudice à « plusieurs millions d’euros » chaque année.
« Délinquance itinérante »
À entendre le procureur adjoint d’Évreux, Christophe Salort, les auteurs de ces actes de vandalisme sont animés par diverses motivations, qu’elles soient « idéologiques » ou « pécuniaires ».
D’une valeur de 4€ le kilogramme, le cuivre des câbles téléphoniques est souvent revendu à « des ferrailleurs pas très regardants », « dans des départements et régions limitrophes », détaille Jean-Yves Bouédo. Le gendarme parle d’une « délinquance itinérante », ce qui ne facilite pas le travail des enquêteurs.
Difficile aussi voire impossible d’assurer une surveillance complète du réseau:
« On réalise des patrouilles quotidiennes, de jour comme de nuit, en ciblant les points névralgiques mais on ne peut pas déployer des moyens humains derrière chaque armoire de raccordement »Jean-Yves Bouédo Commandant adjoint au groupement départemental de gendarmerie
Olivier Beauchamp insiste, lui, sur le volet « passif » de la surveillance, fondé sur des « diagnostics de sécurité », des « alarmes » ou des « équipements de vidéoprotection » pour les sites les plus sensibles.
Côté judiciaire, Christophe Salort promet « une politique pénale en faveur d’une très grande fermeté ». Et le magistrat de rappeler: « La peine encourue pour une dégradation peut monter jusqu’à dix ans, vingt ans pour un vol en bande organisée. »