Incendies en Gironde : qu’est-ce que « Vigiforêt », le dispositif des gendarmes pour traquer les pyromanes ?
Mercredi 10 août 2022 à 16:08 – Par Flavien Groyer, France Bleu Gironde
« C’est un dispositif unique » selon les mots du préfet délégué de Gironde ce mardi-après-midi. Les gendarmes du département ont créé « Vigiforêt » pour traquer les incendiaires alors que 40 départs de feu ont été recensés ce mardi et qu’un immense feu dévore à nouveau le Sud-Gironde.
Un feu qui « s’était enterré » depuis la mi-juillet dans le secteur de Landiras (Gironde) a repris avec vigueur depuis mardi après-midi. 6.000 hectares de forêt avaient été dévorés à la mi-journée et 6.000 personnes avaient été évacuées dans ce secteur des Landes de Gascogne. C’est un feu « très vigoureux » qui a progressé « toute cette nuit sur le sud-est » de Landiras, théâtre d’un gigantesque incendie en juillet, a résumé devant la presse Martin Guespereau, préfet délégué de la Gironde. Lors de ce même point presse, le préfet délégué a indiqué qu’une quarantaine de départs de feux avaient été recensés sur la seule journée de mardi. Pour lui, « il y a une part importante de feux criminels ». C’est d’ailleurs pour renforcer « la lutte contre les incendiaires » que les gendarmes de Gironde ont mis en place le dispositif « Vigiforêt ».
Une vingtaine de gendarmes mobilisés
Ce dispositif « Vigiforêt » a été créé après les incendies de La Teste-de-Buch et de Landiras qui ont parcouru près de 21.000 hectares en 12 jours. L’objectif est de traquer les pyromanes alors qu’une quarantaine de départs de feux ont été recensés ce mardi, en marge du méga-feu contre lequel les pompiers luttent. « Aucun n’a dérapé mais à chaque fois, ça monopolise l’action des pompiers », a souligné Marc Vermeulen du SDIS 33. « Vigiforêt » est un peloton d’une vingtaine de sous-officiers et de réservistes qui patrouillent dans les forêts « avec du matériel spécifique » précise le général Loïc Baras, patron des gendarmes de la Gironde.
Nous avons la pression de la météo, il ne faut pas qu’il y ait la pression des incendiaires
« Ils sont équipés de motos et de vélos tout terrain mais aussi de moyens de franchissement comme des 4×4 » précise-t-il. Il y a la surveillance au sol mais aussi dans les airs grâce à l’hélicoptère de la gendarmerie. Il est déployé « en appui sur certaines opérations avec des moyens optique pour déceler une présence » explique Loïc Baras. Ce peloton est aussi utilisé pour « que les zones d’action des pompiers soient sûres et sécurisées afin de protéger les vies humaines ».
Le préfet délégué de Gironde précise aussi que « Vigiforêt » est « un dispositif unique » qui doit empêcher les pyromanes de passer à l’acte : « Il s’agit de les dissuader et de les attraper, ensuite la justice traitera. Nous devons réduire cette pression absolument. Nous avons la pression de la météo, il ne faut pas qu’il y ait la pression des incendiaires ».
« Faire respecter l’arrêté préfectoral »
« Notre mission est de faire respecter l’arrêté préfectoral » a également assuré le patron des gendarmes de la Gironde. Cet arrêté, qui a placé la Gironde en vigilance rouge aux feux de forêt, interdit le déplacement dans les espaces boisés de 159 communes du département. Il est interdit d’y circuler à pied ou en vélo, et de stationner sur les pistes forestières, chemins ruraux, chemins d’exploitation, pistes cyclables et autres sentiers ouverts au public.
30 ans de prison
« Neuf feux sur 10 sont d’origine humaine », soit de manière « involontaire » (une cigarette mal éteinte), soit par des « pyromanes », avait souligné le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin en déplacement en Gironde en juillet dernier. Il précisait aussi que “la loi condamne extrêmement fortement les pyromanes”, “jusqu’à 30 ans de prison”.
