Vienne : les gendarmes se déplacent en camping-car
Les militaires sillonnent les communes rurales de la Vienne en camping-car. Cette brigade mobile inédite parie sur la proximité et le contact avec la population.
« Bonjour ! Ça vous intrigue ? » lâche un gendarme tout sourire à des passants curieux et interloqués. Installée ce matin-là entre les commerçants du marché de la Roche-Posay, dans le nord rural de la Vienne, la brigade mobile de gendarmerie départementale interpelle. Cette BMGD — l’acronyme plébiscité par les forces de l’ordre — est un… camping-car d’occasion, aménagé par la gendarmerie nationale. Le véhicule de tourisme, reconverti en brigade sur roues, sillonne depuis une semaine les villages de la Vienne. Totalement inédit en France, ce dispositif expérimental s’inscrit dans le cadre de la police de sécurité du quotidien, la PSQ voulue par le président Emmanuel Macron et lancée en février.
Ses missions prioritaires ? « Le contact, la visibilité et la recherche d’échanges avec la population », détaillent les militaires qui misent beaucoup sur ce camping-car pour renouer le dialogue et tisser un lien de proximité au coeur des zones rurales.
« Nous avons besoin de ça à la campagne »
Prévention, renseignements, dépôt de plainte… Cette brigade itinérante propose les mêmes services qu’une brigade territoriale grâce à l’informatique embarquée. « L’accueil est très bon, nous avons besoin de ça à la campagne », tranche une retraitée après une brève entrevue, en descendant du camping-car. Elle est venue pour une plainte et préfère taire son nom.
« Des chèques frauduleux… La dame était pressée de nous voir », souffle Jean-Michel Gueffier, un gendarme à la retraite officiant désormais comme réserviste. « Certains hésitent à franchir les portes d’une gendarmerie. La brigade mobile facilite le contact et montre que nous sommes accessibles. » Trois autres militaires complètent chaque jour l’équipage du camping-car appelé à circuler sept jours sur sept — une commune visitée le matin, une seconde l’après-midi, une cinquantaine par mois au total.
Retrouver la confiance des habitants
« C’est mieux d’être sur le terrain », acquiesce Michelle Gillet. Cette retraitée échange avec son boulanger et Michaël Michaud, maréchal des logis-chef parti en patrouille. « Ils étaient moins présents ces dernières années… Mais en milieu rural, pour les gens, ça fait partie du quotidien », juge-t-elle. « La confiance, c’est pas du jour au lendemain, reconnaît le militaire. Ce contact, nous l’avons perdu. Nous avons beaucoup de tâches administratives, des procédures qui polluent nos missions. Mais pour obtenir des infos, il faut être sur le terrain. »
Le général Jean-Jacques Taché, lui, l’assure : cette BMGD a vocation à « compléter et non remplacer » les brigades rurales. Commandant de l’ex-région Poitou-Charentes, c’est lui qui a eu l’idée du camping-car, gage d’une « grande souplesse et de contacts privilégiés dans un département couvert à 97% par la gendarmerie ». Un premier bilan, guetté par le ministère de l’Intérieur, sera dressé à l’automne.