VIDEO – En exercice avec les gendarmes spéléologues du Béarn
Par Axelle Labbé, France Bleu Béarn
Mercredi 6 avril 2016 à 18:49
Les gendarmes descendent dans un puits naturel, à 30 mètres sous terre © Radio France – Axelle Labbé
Le GEMS, groupe d’enquêteurs en milieu souterrain de la gendarmerie, est par exemple chargé d’aller récupérer des pièces à conviction dans les égouts, ou un blessé dans un puits. Il n’en existe que deux en France, un à Grenoble, l’autre à Oloron-Sainte-Marie. Nous avons pu les suivre en exercice.
Ils sont onze, basés à Oloron depuis 1974, dans les locaux du PGHM. Le GEMS, groupe d’enquêteurs en milieu souterrain, travaille sur toute la moitié Ouest de la France, avec une diagonale allant de Brest à Marseille. Ils peuvent aussi effectuer des missions à l’étranger. Ces onze gendarmes sont donc également spéléologues, ils travaillent habituellement au PGHM, le peloton de gendarmerie de haute montagne d’Oloron, mais aussi en brigade à Soumoulou ou au PSIG, le peloton de surveillance et d’intervention de la Gendarmerie de Pau.
Les hommes s’entraînent une fois par mois pour garder leur niveau, et peaufiner les techniques. Ils peuvent par exemple aller récupérer des pièces à conviction dans les égouts, ou un blessé dans un puits. Ce jour-là, à Arette, ils ont imaginé et préparé un scénario : un cadavre a été jeté dans une grotte par une petite entrée visible depuis la surface. Le corps n’étant tombé qu’à quelques mètres, les ravisseurs sont entrés dans le boyau souterrain pour le repousser dans un puits naturel, un peu plus loin de l’entrée, et le faire tomber 30 mètres sous terre.
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Dans les locaux du PGHM, le groupe prépare le matériel : combinaisons, baudriers, cordes, casques, lampes frontales pour explorer la cavité, mais aussi tout le matériel nécessaire à l’enquête, et au prélèvement des indices. Hervé, le technicien en identification criminelle emporte de la pâte de silicone pour relever les empreintes de main ou de chaussure dans la boue. Du faux sang a été déposé sur la roche au dessus d’un boyau, là où l’un des ravisseurs s’est cogné la tête. Il sera prélevé pour analyse.
De la garbure au menu
Les gendarmes évoluent sur des parois à pic, en rappel et finissent par descendre, suspendu dans le vide, à 30 mètres sous terre. Cela fait près de deux heures que le groupe est parti, c’est donc l’heure de la pause déjeuner. L’adjudant chef Florent Merlet sort le réchaud et le faitout… « Au menu aujourd’hui : garbure ! » Il est très important de manger chaud, car il fait 8 degrés dans la grotte, et avec 99% d’humidité dans l’air, on se refroidit vite. En particulier quand les missions durent plusieurs jours. Et quand il faut dormir sous terre, c’est sur des matelas qui isolent du sol ou dans des hamacs tendus entre les parois.
Une fois le groupe rassasié, l’exercice reprend. Victor, l’un des gendarmes spéléologues, s’allonge au sol et joue le rôle du mort. Il a des traces de faux sang sur le visage et sur ses vêtements. Hervé procède d’abord à l’examen des lieux, il recherche des indices et prend des photos. « On pose des panneaux indices sur lesquels on a rajouté une petite flèche, explique le technicien en identification criminelle, car on n’a aucun repère sur les photos comme il n’y a que des cailloux et de la terre, sinon on ne sait pas où est la verticalité. » Sous terre, tout est plus compliqué. Il faut veiller à ce que les indices ne tombent pas entre les pierres ou ne soient pas emportés par l’eau.
Prélever le maximum d’indices pour ne pas les perdre en remontant à la surface
Il faut aussi procéder au maximum de relevés possibles, car contrairement à l’extérieur, ce sera compliqué voire impossible de revenir sur place, et il va falloir tout déplacer pour remonter le cadavre et les preuves à la surface. « On va faire tous les prélèvements qui sont fragiles« , et qui habituellement sont faits à l’autopsie détaille Hervé, « tout ce qui pourrait disparaître à la manipulation du corps, dans la barquette (c’est-à-dire la civière dans laquelle sera placé le corps pour être remonté), dans les étroitures ou les passages de cordes. Par exemple, il peut y avoir des cheveux coincés dans les doigts ou du dépôt de sang de défense au niveau des ongles. On peut aussi tomber sur un bon orage qui nous trempe tout, y compris le cadavre, et donc le sang va partir dans l’eau de pluie et pas sur nos écouvillons. C’est dommage parce que c’est perdu ! »
Une fois toutes les constatations effectuées, le corps est placé dans la civière, et hissé en haut du puits, à la verticale. Si la civière ne passe pas, les gendarmes peuvent être amenés à travailler à l’explosif pour dégager la roche. Mais Victor, la fausse victime, est contraint de redescendre les 30 mètres du puits pour remonter, comme les autres, plusieurs kilos de matériel à la force des bras et des jambes.
