Valenciennes: une promotion d’élèves gendarmes portera le nom de Marius Damien
PUBLIÉ LE 02/05/2016
Une délégation de l’école de Chaumont est venue jeudi à la gendarmerie de Valenciennes sur les traces du gendarme de Vieux-Condé, mort en déportation. Les élèves ont rencontré son fils, William Damien.
Il avait 12 ans quand les Allemands sont venus le 26 août 1944 arrêter son père vers 23 h à la brigade de Denain. « Le lendemain, dimanche, raconte William Damien, on devait aller manger chez ses parents à Vieux-Condé. Avec ma mère, on est allé le voir à la Kommandantur. Il nous a réconfortés et m’a passé la main sur la tête. Il a dit : je reviens ce soir ou demain au plus tard. Durant la nuit, on avait fait disparaître de la maison le paquetage d’un soldat alsacien déserteur qu’il avait aidé à se cacher. »
Hélas, le gendarme Marius Damien va partir vers l’Allemagne, avec 870 autres prisonniers dans le fameux train de Loos, le 1er septembre, deux jours avant la libération de Lille. William et sa maman ne le revirent jamais et il fut déclaré mort pour la France le 5 décembre 1947. Par la suite, la Croix Rouge suisse renvoya dans un petit paquet son alliance et sa montre.
La caserne de gendarmerie du Boulevard Harpignies porte son nom. Et bientôt, le 27 mai prochain, ce sera la 469e promotion de l’école de gendarmerie de Chaumont, en Haute-Marne qui l’adoptera officiellement pour parrain.
Un peu de la terre des camps à Valenciennes
Dix-sept élèves de cette promotion de quarante, accueillis par le commandant de la compagnie de gendarmerie de Valenciennes, Christophe Cordelette, sont venus jeudi lui rendre hommage lors d’une prise d’armes à la caserne valenciennoise.
L’élève gendarme Anthony Reverdy a rappelé son histoire. Pourquoi ce choix de la part de sa promotion ? « Le service historique de la gendarmerie nous a donné le choix entre cinq noms. Nous avons choisi le sien à cause de son engagement dans la résistance et aussi parce que son fils vivait encore et pouvait nous parler de lui. »
William Damien, qui a combattu au 11e régiment parachutiste de choc et fut ensuite motard CRS, a reconstitué peu à peu l’histoire de son père, né à Vieux-Condé, en 1908. « Un jour, je me suis arrêté à un café de Saint-Vaast-la-Vallée où j’allais avec mon père. Le propriétaire m’a reconnu. Il m’a dit : ton père nous a amené des aviateurs alliés qu’on cachait au bout du jardin, en dessous des waters, avant de les confier à une filière d’évasion.»
En 2010, William est allé en pèlerin en Allemagne et il a ramené un peu de terre des camps de travail de Sachsenhausen et de Neuengamme où son père est mort d’épuisement en janvier 1945. Celle terre est conservée dans une urne à l’entrée de la gendarmerie du boulevard Harpignies.