Une salle d’audition pour les enfants victimes aménagée à la gendarmerie de Bayonne
Samedi 10 avril 2021 à 18:00 – Par Paul Nicolaï, France Bleu Pays Basque
Recueillir la parole des enfants victimes de violences. Tel est l’objectif d’un nouveau dispositif créé dans les locaux de la compagnie de Gendarmerie de Bayonne. La « salle d’audition Mélanie » a été aménagée afin de mettre en confiance les enfants auditionnés dans la cadre des enquêtes.
Comment recueillir la parole des enfants victimes de violences sans rajouter du traumatisme au traumatisme ? Pour faciliter les enquêtes judiciaires, la compagnie de gendarmerie de Bayonne vient de créer dans l’enceinte de la caserne, quartier Marracq, une petite salle spécifique équipée et adaptée pour entendre les enfants de 3 à 14 ans. La « salle d’audition Mélanie » est désormais opérationnelle.
Salle aménagée
La salle de 20 mètres carrés environ, a été entièrement réaménagée avec l’aide de l’enseigne Ikea du centre commercial Ametzondo de Bayonne. On y trouve un grand fauteuil d’angle; des tabourets, des coussins colorés, un bureau avec des crayons de couleurs, une petite cuisine en plastique, « mais pas de poupée, afin de ne pas influencer les dépositions » explique le commandant Stephie Hersan. Commandante en second de la compagnie, la jeune officier est à l’origine de ce dispositif totalement rénové. C’est elle qui a impulsé la démarche sous l’autorité de son chef, le commandant Pascal Simon.
Mettre les enfants victimes en confiance
« C’est une salle d’audition spécifique qui s’appelle Mélanie, en référence à la première petite victime qui a été auditionnée selon ce procédé dans les années 90 » explique le commandant Stephie Hersand. « L’idée, c’est de créer un espace enfantin qui permette la mise en confiance de la petite victime et qui permette de recueillir sa parole dans un endroit préservé, plutôt intimiste, un petit cocon. On a un matériel de sonorisation et de fixation de l’image et du son qui sont discrets, installés derrière une vitre sans tain et dans les plafonds, de manière à ce que l’enfant n’ait à produire son récit qu’une seule fois, pour éviter le traumatisme d’avoir à le répéter à de multiples reprises » précise l’officier.
190 dossiers depuis juillet 2020
Dans un coin de la pièce aux couleurs pastel se cache une petite camera très discrète installée au plafond avec des micros. Une glace sans tain est placée dans un recoin, derrière laquelle un enquêteur enregistre le témoigne à l’aide d’un matériel informatique. Un pédopsychiatre peut aussi prendre place et communiquer avec les enquêteurs équipés d’oreillettes. Une unité spéciale de six militaires est chargée de ce type d’enquête. L’unité SAFE comme Sécurisation et Accompagnement de la Famille et de l’Enfant. « Depuis le 1er juillet 2020, cette cellule a déjà traité 190 dossiers de violences intrafamiliales. Ça n’inclut pas systématiquement l’audition d’enfants mineurs, mais ça vous donne un petit peu la mesure de la tâche à accomplir » souligne la commandante.
Le traitement de ces dossiers qui portent sur des mineurs, se fait en collaboration avec le centre hospitalier de la côte basque et le parquet.
Reportage France Bleu Pays Basque