MARDI 10 NOVEMBRE 2015 CENTRE-FRANCE
BOURGANEUF ■ Une Creusoise dirige une association nationale qui s’occupe des familles de gendarmes
Elle se bat pour le bien-être du képi
Depuis 2003, la Creusoise Murielle Noël, préside l’association d’aide aux membres et familles de la gendarmerie. Une occupation très prenante
Samedi 31 octobre à la Maison des associations de Bourganeuf, c’est la quasi-totalité du conseil d’administration de l’Association d’aide aux membres et familles de la gendarmerie (AAMFG) qui était rassemblé pour honorer l’adjudant Marc Noël, et son épouse, Murielle, présidente de l’association.
Départ à la retraite de l’époux
On fêtait le départ à la retraite de l’époux et indirectement le bon travail délivré par l’association pour améliorer les conditions de vies des militaires et de leur famille.
Native de Bourganeuf, Murielle Noël a accompagné depuis quinze ans la naissance et le développement de la structure, aujourd’hui reconnue par les autorités politiques et militaires :«Récemment, nous avons été entendus par l’Assemblée nationale lors du débat sur le projet de loi de finances 2016 », glisse Virginie Rodriguez, membre du bureau, venue tout droit de Rennes.
Lancée le 8 avril 2000, l’AAMFG a livré de grands combats :«Au départ, dès 2001, nous avons été les premières à accompagner le mouvement de grogne des gendarmes. À l’époque, il n’y avait rien pour épauler les familles », note Murielle Noël.
«L’armée est une Grande muette, le statut militaire ne permet pas la grève. Le seul moyen de dénoncer une mesure injuste était que les femmes sortent dans la rue et se révoltent. Puis,à notre grande surprise, les hommes nous ont suivis», se souvient Valérie. Une première dans l’histoire de la gendarmerie nationale.
Depuis, une chaîne de concertation renforcée a été mise en place et l’association a été associée à ces évolutions. Elle a des bureaux dans les casernes, une revue officielle, L’Echo du Képi, et même une page facebook. Officiellement reconnue par la hiérarchie militaire en 2007 suivant les vœux de la ministre de l’époque (Michèle Alliot-Marie), l’AAMFG poursuit son rôle de vigie, s’attardant sur les logements des militaires parfois à la limite de l’insalubrité comme l’a montré un récent déplacement en Alsace-Lorraine :«On accompagne aussi les demandes de mutation et on suit les familles de suicidés. Même si beaucoup de choses ont été mises en place, il y a encore beaucoup trop de suicides. Le militaire est armé ce qui facilite le passage à l’acte », glisse Murielle Noël. « Le gendarme reste corvéable à merci, mobilisable sept jours sur sept parfois la nuit. Or, on vit à ses côtés dans la caserne », ajoute Virginie. Au-delà, c’est un certain sentiment de solitude qui s’installe pour l’épouse et les enfants « qui doivent apprendre à vivre sans le mari ».
Elle résout des cas litigieux
Elles le reconnaissent, l’association peut intervenir jusqu’à la direction générale pour résoudre des cas litigieux :«Une voie parallèle », paradoxalement efficace. Murielle Noël évoque le cas d’un gendarme Creusois dont le bébé à venir aura de gros problèmes cardiaques.«On est en train de le faire muter près d’un hôpital, soit à Toulouse, soit à Bordeaux. Parfois le militaire n’ose pas parler à sa hiérarchie ». « Demander une “faveur” peut s’assimiler, pour eux, à un signe de faiblesse avec la peur de voir sa carrière en pâtir », juge Virginie. ■