Publié le 06/05/2017 à 10h00
On est loin du contrôle routier. L’adjudant Michaël Pillet tutoie tout le monde, se fait tutoyer et demande à être appelé « Micka ». « Entre motards, on se tutoie, confie le gendarme de la brigade motorisée de Bourges. Avec des journées comme celle-là, on casse l’uniforme. Ils vont très vite oublier que nous sommes gendarmes parce que nous avons la même passion : la moto. »
Vingt-quatre motards, dont une poignée de femmes, ont participé hier, sous le soleil, à une journée de formation au pilotage moto organisée par l’Escadron départemental de sécurité routière du Cher. Une journée par an, et même cinq cette année en raison des nombreuses demandes (lire par ailleurs), les gendarmes motocyclistes encadrent des motards pour leur donner des conseils de pilotage.
« C’est la troisième fois que je viens, lâche Fabrice, qui pilote depuis 1991. C’est très convivial et on est beaucoup plus serein sur sa moto quand on repart. » « Ces journées sont connues dans le milieu de la moto, ajoute Laurent. Je suis venu pour me jauger. Ça fait trente ans que j’ai le permis moto et on se croit toujours plus fort qu’on ne l’est vraiment. »
Cette année, l’adjudant Pillet et ses collègues ont décidé d’emmener les motards dans un périple de 330 kilomètres à l’intérieur du département du Cher, via Saint-Florent-sur-Cher, Châteauneuf-sur-Cher, Châteumeillant, Préveranges, Faverdines (pour la pause déjeuner au restaurant Chez Jackie), puis Saint-Amand-Montrond, Blet, Sancoins, Sancergues, Sancerre et Les Aix-d’Angillon.
Un parcours ponctué de conseils techniques et d’exercices. « Le but, c’est qu’à la fin de la journée, vous oubliiez un peu la machine pour porter toute votre attention sur la route et ses usagers », avance l’adjudant Michaël Pillet aux motards.
Formés pendant trois mois, quasiment tous les jours sur une moto durant leur carrière, les gendarmes motocyclistes sont d’excellents motards. La « trajectoire de sécurité » est l’un des points sur lesquels ils insistent le plus. C’est la façon la plus sûre de prendre un virage.
Évidemment, la trajectoire à la corde, comme le font les motards qui évoluent sur des circuits, n’est pas la meilleure. Il convient plutôt d’être le plus possible à gauche (pour un virage à droite) ou à droite (pour un virage à gauche) de façon à avoir « un maximum de vue sur ce qu’il y a après le virage ».
Sur un parking à Effes, un lieu-dit de la commune de Corquoy, entre Lunery et Châteauneuf, Estelle, qui a son permis depuis un an, enchaîne les demi-tours autour d’un cône, sous les yeux de Xavier. Le gendarme lui répète : « Regarde-moi ! » « C’est le regard qui amène la moto, décrypte l’adjudant Pillet. Si le regard n’est pas posé au bon endroit, la moto ne passera pas. C’est la raison pour laquelle lorsqu’il y a un danger, il ne faut pas le fixer. Quand il y a du gravier dans un virage par exemple, il faut regarder là où il y en a le moins. »
« On apprend toujours au moins un truc qui va nous servir, souligne Jean-Michel, trente ans de moto derrière lui. Ces journées sont vraiment sympas. »
Geoffroy Jeay