Blois : un jeune Tchétchène interpellé pour apologie du terrorisme
Publié le 25/10/2020 à 14:41 | Mis à jour le 26/10/2020 à 08:29
- GENDARMERIE
- LOIR-ET-CHER
Un jeune homme de 22 ans originaire de Tchétchénie a été mis en examen pour apologie du terrorisme et incarcéré ce dimanche 25 octobre 2020 à Blois. Il est soupçonné d’avoir approuvé l’assassinat du professeur Samuel Paty sur Twitter.
Ce sont des commentaires et un pseudonyme sur les réseaux sociaux qui ont attiré l’attention des gendarmes de la cellule de veille Celcyber41 il y a quelques jours.
Le suspect, un jeune homme de 22 ans né en Tchétchénie et domicilié à Blois, aurait clairement approuvé l’assassinat le 16 octobre dernier, à Conflans-Sainte-Honorine, du professeur d’histoire géographie, Samuel Paty. Il aurait même « liké » sur Twitter la photo de la victime décapitée que le terroriste a diffusée juste après son crime.
Les gendarmes ont localisé le suspect en collaboration avec les services de renseignement et sont allés l’interpeller vendredi à l’aube avec le concours des militaires du PSIG de Blois et du PSPG de Saint-Laurent-Nouan.
Le jeune homme, qui était déjà surveillé localement pour avoir été condamné il y a trois ans pour s’être réjoui des attentats de 2015, a été placé en garde à vue. Une perquisition au domicile de ses parents a permis de saisir de nombreuses armes blanches (couteaux et dagues) ainsi que des cartouches.
Il conteste toute radicalisation
Dans un communiqué, le procureur de Blois, Frédéric Chevallier, indique que le mis en cause a contesté toute radicalisation , mais aussi » minimisé la portée de ses écrits et parlé d’incompréhension sur leur sens « . Le magistrat ajoute que des matériels informatiques ont été saisis par les enquêteurs.
« Leur exploitation, encore parcellaire dans le temps des 48 heures de la garde à vue, permettait de
mettre en lumière des échanges et des écrits pouvant caractériser des actes d’apologie « précise le magistrat.
Ce jeune garçon né à Grozny en 1998 et dont la famille est arrivée en France peu après la deuxième guerre menée par les Russes en Tchétchénie, est sans emploi.
Il a été présenté ce dimanche matin à un juge d’instruction qui l’a mis en examen pour « apologie d’actes de terrorisme » délit aggravé par la circonstance qu’il a été commis sur un service de communication au public en ligne. Cette infraction est passible de 7 ans d’emprisonnement.
Le jeune homme a été placé en détention provisoire à la maison d’arrêt de Blois.
L’avocate du jeune homme ( qui souhaite rester anonyme ) a plaidé pour un maintien en liberté sous contrôle judiciaire. Elle l’avait déjà assisté en 2017 lorsque le tribunal pour enfants lui avait infligé une mesure de suivi socio-éducatif suite à l’épisode des attentats de 2015. « A l’époque, il avait reconnu les faits, et avoir agi par provocation, il n’imaginait que ses actes étaient aussi graves, il était immature.» Trois ans plus tard, la situation est différente. « Mon client conteste l’ensemble des faits pour lesquels il a été mis en examen.»
Une information judiciaire a été ouverte par le parquet de Blois et confiée à un magistrat instructeur.
Alors qu’un jeune homme et une étudiante ont été condamnés vendredi dernier lors de comparutions immédiates à Toulouse et à Besançon pour le même délit d’apologie du terrorisme, le procureur Frédéric Chevallier a opté pour une voie procédurale différente. D’abord parce que les infractions sont contestées mais aussi parce que le profil de ce jeune homme n’est pas sans rappeler celui de l’assassin de Samuel Paty, Abdoullakh Anzorov, lui aussi jeune Russe d’origine tchéchène dont la radicalisation a débuté quelques mois avant son passage à l’acte.
Suite à l’attentat du 16 octobre commis près du collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines ), une veille internet a été mise en place par les forces de sécurité intérieure pour surveiller les échanges en lien avec la mort de Samuel Paty. C’est ainsi que les gendarmes de la cellule basée à Blois ont détecté le suspect.
Les investigations jusque-là conduites sous la forme d’une enquête préliminaire par la gendarmerie départementale et la section de recherches d’Orléans se poursuivent notamment pour exploiter les données informatiques saisies chez le suspect et vérifier si ce jeune homme a été en contact avec des personnes proches de la mouvance islamiste.
Lionel OGER
Journaliste, rédaction de Blois
Source : www.lanouvellerepublique.fr
S