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Le - Un gendarme de Chamonix au Liban pour une mission très spéciale

Un gendarme de Chamonix au Liban pour une mission très spéciale

MIS EN LIGNE LE 18/07/2020 À 08:00 

PAR MATHIEU GAILLAC

Le Major Bertrand, adjoint au lieutenant de la brigade de gendarmerie de Chamonix, est au Liban depuis le 5 mars dernier au sein de la prévôté. Explications.

Le Major Bertrand a quitté Chamonix quelques mois pour le Liban où il est commandant de brigade prévôtale dans le cadre de l'opération Daman.

Le Major Bertrand a quitté Chamonix quelques mois pour le Liban où il est commandant de brigade prévôtale dans le cadre de l’opération Daman.

En temps normal, le Major Bertrand est adjoint au lieutenant de la brigade de gendarmerie de Chamonix. Cette année, après avoir géré l’activité accrue des affaires courantes liée à l’arrivée des touristes au pied du Mont-Blanc, il s’est envolé pour le Liban le 5 mars.

« Il y aurait beaucoup plus de prévôts en temps de guerre »

Covid oblige, jusqu’au dernier moment, il ne savait pas si l’avion allait pouvoir décoller. Ne pensez pas qu’il s’est offert des vacances. Sa femme, et ses deux filles, sont restées à Chamonix. Lui s’est porté volontaire pour garnir les rangs de la gendarmerie prévôtale (ou prévôté), une formation qui a traversé les âges puisqu’elle a été créée au cours du XIVe siècle, pour assurer la sécurité à l’arrière des troupes. « Aujourd’hui, on est une minorité. Il y aurait beaucoup plus de prévôts en temps de guerre, heureusement on ne l’est pas », explique le commandant de brigade prévôtale dans le cadre de l’opération Daman de la Force intérimaire des Nations unies au Liban.

Quatre missions principales

Avec ses deux acolytes, un chef d’un peloton de sécurité et d’intervention de la gendarmerie normand et un gendarme d’Orange, il assure quatre missions principales. D’abord, une mission de police judiciaire. « Quand on déploie des troupes, elles doivent respecter la loi française et les accords avec les pays hôtes  ». Une mission également de police générale, dans le but de « garantir la bonne image de la France  ». Les prévôts assurent également une mission d’appui de la force. « Nous avons un savoir-faire notamment pour la rédaction de PV et nous le mettons au profit de la force. Cela peut être la constatation d’un contentieux avec le pays hôte par exemple si un convoi abîme une ligne électrique et que la France doit réparer les dommages  ». Et enfin une mission d’appui auprès des commissaires aux armées. «  Dans le cas du décès d’un militaire, nous assistons dans les opérations mortuaires pour rapatrier le corps dans de bonnes conditions. »

Le décès d’un légionnaire à gérer

Cela a malheureusement été le cas au Liban pour le Major Bertrand après qu’un légionnaire a perdu la vie dans un accident de la circulation. Et apparemment au Liban, rouler s’avère très périlleux. « Ils n’ont pas la même qualité de routes que chez nous et ont une conduite très particulière. Je croyais avoir tout vu en Afrique mais non… »

Une aire de 20 kilomètres par 25 à la frontière avec Israël

Le commandant assure également une mission de renseignement. D’ailleurs, un de ses hommes lit et écrit l’arabe, ce qui facilite les contacts avec leurs homologues libanais. Le Chamoniard est basé dans le sud du Liban, sur une aire de 20 kilomètres par 25, où opère l’Organisation des Nations Unies. Ce qui n’a rien d’anodin. « C’est une zone frontière entre Israël et le Liban, où il faut impérativement empêcher toute escalade de la violence. »« Un montagnard sait s’adapter à tout »

Le Major Bertrand a fait ses débuts dans l’armée chez les chasseurs alpins. À l’époque de l’ex-Yougoslavie, il a connu Sarajevo en guerre.

Résistance physique et au stress

Alors qu’il a répondu à l’appel aux volontaires pour garnir les rangs de la prévôté, il a découvert avec aisance un nouvel environnement au Liban puisque son passé lui confère une résistance physique et au stress qui sont des atouts indispensables dans ses missions diverses. Il souligne ainsi : « Le montagnard sait s’adapter. Là où je suis au Liban, c’est très vallonné, très joli. Chamonix me manque mais c’est une étape super intéressante de découvrir une nouvelle population, un nouveau pays. »

Le Major Bertrand est en mission dans le sud du Liban, à la frontière avec Israël.

(Le Major Bertrand est en mission dans le sud du Liban, à la frontière avec Israël.)

Au Mali en 2018

En 2018, il s’était déjà porté volontaire pour aller au Mali assurer les mêmes missions qu’au Liban. « Là-bas, j’étais admiratif de la capacité de résistance des jeunes soldats. On se déplace dans le désert, et c’est difficile en termes de chaleur, d’alimentation, de logement aussi. Au Liban, les conditions sont satisfaisantes et la France est implantée ici depuis de nombreuses années. »La France au Liban

Présente depuis 1978 au Liban, la France est l’un des principaux pays contributeurs de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL), avec actuellement près de 700 soldats. Les militaires français au Liban sont déployés dans le cadre de l’opération Daman, nom de la participation française à la force internationale.

Source : www.lemessager.fr


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