Trois ans de prison pour le cambrioleur jugé à Laon
A la suspension d’audience, la famille de Moïse Chatelain se rassurait. La plaidoirie de son avocat, Me Julien Delarue avait été brillante. Le doute sur la culpabilité de Moïse s’installait. « Il va avoir la relaxe », pensait donc son entourage.
Des balises espion
L’obstacle que devait franchir le prévenu était imposant. On lui reprochait neuf vols ou tentatives de vols perpétrés les 17 décembre et 14 janvier en Thiérache, dans le Laonnois et le Saint-Quentinois. À cela s’ajoutait une « participation à une association de malfaiteurs ». Elle sera finalement écartée par le tribunal. Ce membre de la communauté des gens du voyage basé à Saint-Quentin, auto entrepreneur et rangé, selon son casier depuis 2013, aurait-il repris du service ?
Après le 1er vol dans une habitation à Origny-en-Thierache, les gendarmes sont parvenus à poser une balise sur le véhicule emprunté par Moïse Chatelain. Ils l’ont suivi. Il n’était jamais seul, selon les enquêteurs. Des photographies ont été réalisées. M. Châtelain ne s’y est jamais reconnu, lundi.
Le 21 décembre, changement de voiture. La Renault Laguna a fait place à une Citroën C5. Elle aussi a été piégée par les gendarmes. « Je ne suis jamais monté dans cette voiture », a assuré le prévenu qui pourtant l’a achetée aux Ulis, 24 heures après s’être fait opérer à Saint-Quentin. Les vols continuent donc, à La Capelle, Itancourt, Voyenne jusqu’à ce que les gendarmes interviennent dans le campement de Moïse Chatelain. Deux individus s’enfuient mais le présumé voleur est retrouvé dans une caravane à côté de laquelle est stationnée la Citroën.
À l’intérieur de la caravane, des outils, talkies-walkies et dans la voiture, une facture au nom de Moïse Chatelain. Suffisant pour incriminer ce dernier ? Oui pour le parquet selon lequel les faisceaux d’indices sont suffisants pour requérir trois ans de prison ferme. Mais non, selon Me Delarue qui pilonne savamment la procédure. « On peut admettre qu’il est monté dans les véhicules mais rien ne prouve qu’il est le voleur »,relève le pénaliste. L’absence d’analyses ADN des traces dans la Citroën ou sur les outils qui ont été utilisés, l’absence aussi d’interpellation en cours de cambriolage est relevée par le conseil de Moïse Chatelain. « La conviction d’un gendarme ne peut sceller une décision de justice », clame l’avocat. Le délibéré du tribunal a été aussi long que la plaidoirie de Julien Delarue. Moïse Châtelain a été condamné à trois ans de prison ferme. Son conseil a déjà promis une suite en appel.