Troarn. Vols et menaces sur les gendarmes
Deux jeunes majeurs ont été jugés, lundi 2 mars 2020, au tribunal de Caen, pour des faits graves, notamment des menaces de mort sur les gendarmes. La procédure a été annulée.
Ouest-France Publié le 03/03/2020 à 16h54
Le 16 janvier, les gendarmes de Troarn interviennent pour plusieurs vols de véhicules. Un témoin déclare avoir vu deux jeunes se diriger vers un parking, où des vols et des dégradations ont été commis sur des voitures. Le 17 janvier, une Fiat Tipo est retrouvée volée à Saint-Samson. Des fusils de chasse et des lunettes de précision sont également dérobés dans le même village, le même jour. Deux jeunes de 18 ans devaient répondre de ces faits en comparution immédiate quelques jours plus tard, mais l’affaire a été renvoyée en raison de la grève des avocats.
Le délai de six semaines étant presque purgé, le tribunal a dû prendre le dossier lundi après-midi. Outre les vols, il était reproché aux deux jeunes prévenus d’avoir insulté et menacé de mort les gendarmes et d’avoir dégradé les cellules de la gendarmerie. Notamment un œilleton permettant de surveiller l’intérieur. Un des prévenus, détenu à la maison d’arrêt de Rouen, a refusé son extraction pour être jugé à Caen. Son complice a donc comparu tout seul. Il n’a pas hésité à charger son comparse : « Je l’ai suivi… Les gendarmes m’ont tapé », déclare-t-il. « La blessure à la main ce n’est pas plutôt un coup de poing que vous avez donné dans une cloison en placo pendant la garde à vue ? » demande la présidente.
Dans le box, le prévenu a un comportement désinvolte, voire insolent. « Il va falloir changer d’attitude », lui intime l’un des juges. « C’est comme ça dans la vie de tous les jours », réplique-t-il. Avertissement sans effet, puisque le jeune homme s’en prend, sans raison, à un policier présent dans la salle. La présidente du tribunal ordonne son expulsion. Le procès se poursuit avec un box vide.
« Millionnaire… »
Maître Duval, l’avocat, du plus jeune prévenu, soulève la nullité en tout début d’audience. Selon lui, le contrôle d’identité doit être effectué lorsqu’il existe une ou plusieurs raisons plausibles soupçonnées. « Or, dans ce dossier, nous n’avons pas les bonnes raisons du contrôle. La raison plausible c’est une sacoche vue par un témoin. Ce sont deux personnes qui se baladent. Point. » L’autre avocate plaide également la nullité : « La séance d’identification a été faite en dehors de tout cadre légal. » Le téléphone d’un des jeunes a pourtant été utilisé et connecté dans la Fiat volée…
Avant que le jeune prévenu soit expulsé du box, la présidente lui a demandé : « Qu’est-ce que vous aimeriez faire ? » « Oh là là, a-t-il répondu, f aire ma peine, après on verra. » Et d’ajouter : « Si ! Millionnaire… »
La procureure de la République a requis des peines de dix mois et quatre mois avec sursis et mise à l’épreuve. Le tribunal n’a finalement prononcé aucune condamnation, estimant « qu’il n’y a pas eu de notification des droits, la garde à vue est annulée et que les prévenus ont été identifiés de manière irrégulière. »
Le plus jeune a été remis en liberté. Son complice a également été relaxé pour les mêmes motifs. Le parquet a dix jours pour faire appel.