L’enquête menée par la gendarmerie depuis plusieurs mois a abouti, ce mardi, à l’interpellation de seize individus en Bretagne mais aussi à Lille et La Courneuve. Neuf personnes ont été mises en examen et six placées en détention provisoire.
Vaste coup de filet opéré par les gendarmes d’Ille-et-Vilaine. Seize personnes ont été interpellées mardi dernier en Ille-et-Vilaine, à Lille (59) et La Courneuve (93). Elles ont été placées en garde à vue dans le cadre d’une information judiciaire ouverte par le parquet de Rennes pour vol en bande organisée, recel de vol en bande organisée, escroquerie, blanchiment aggravé et participation à une association de malfaiteurs.
L’enquête a démarré à l’été 2016, menée par la section de recherches de Rennes et le groupement de gendarmerie départementale d’Ille-et-Vilaine.
Quelques mois plus tôt, des vols répétés de cartes grises attirent l’attention de la gendarmerie départementale d’Ille-et-Vilaine. Un suspect est rapidement identifié, et les investigations discrètement réalisées dans son environnement permettent de découvrir la présence de nombreux véhicules volés en France et à l’étranger, et équipés de fausses plaques d’immatriculation.
Frontière franco-belge
Dissimulés sur divers parkings de la banlieue rennaise, les véhicules sont récemment volés et ne présentent aucune trace d’effraction. Parallèlement, plusieurs individus en lien avec l’affaire effectuent des démarches administratives en préfecture de Rennes autour des véhicules volés et les immatriculations usurpées. Les dossiers présentés s’appuient sur des documents falsifiés.
Des moyens d’investigations importants sont alors mis en place par la gendarmerie. Un groupe d’enquête est constitué en septembre 2016, regroupant des enquêteurs de la SR Rennes et du GGD 35. Une information judiciaire est ouverte le 16 septembre 2016 par le parquet de Rennes. Les investigations et observations permettent de révéler progressivement l’existence d’une équipe organisée de malfaiteurs, entre Rennes et les Hauts-de-France. Elle est constituée de deux groupes. L’un reçoit des commandes, repère et dérobe sans effraction des véhicules ciblés. Ils sont localisés à la frontière franco-belge, principalement à Tourcoing. Un deuxième groupe récupère les véhicules volés, les convoient à Rennes, les dissimulent puis préparent leur revente par des maquillages et manœuvres administratives. Ils sont principalement localisés sur l’agglomération de Rennes. Les véhicules ciblés sont de moyenne gamme : Citroën DS3, Audi A1, Citroën C3, Clio NG Initiale, Peugeot 308… . Ils sont ré-immatriculés dans diverses préfectures (Rennes, Saint-Brieuc, Quimper, Lyon…) grâce à de faux documents. Ils sont ensuite réintroduits sur le marché français par le biais de petites annonces. Les véhicules achetés aux voleurs entre 500 et 1.000 euros sont revendus entre 9.000 et 15.000 euros.
Si la plupart des acquéreurs sont de bonne foi, certains connaissent l’origine du véhicule et l’achètent en connaissance de cause.
Gérants de paille
Parallèlement, des investigations financières révèlent que les chefs des deux groupes se servent de gérants de paille pour exploiter divers établissements commerciaux leur appartenant (salon de coiffure, esthétique…) et dont les résultats financiers ne font l’objet d’aucune déclaration fiscale.
Les sommes créditées sur leurs comptes et retirées en cash dépassent le million d’euros sur trois ans.
Mardi dernier, une opération judiciaire engage près de 150 militaires : des enquêteurs de la SR Rennes, du GGD35 et de la cellule régionale d’avoirs criminels, des experts du Plateau d’Investigation Véhicules (PIV) du Pole judiciaire de la Gendarmerie nationale à Pontoise (95), des techniciens d’investigations criminelles et des équipes cynophiles des GGD 35 et 59, ainsi que des militaires spécialisés en intervention/sécurisation en provenance de la gendarmerie mobile, de la garde républicaine et des pelotons de surveillance et d’intervention de la GN.
Les perquisitions ont permis la saisie de 12.000 euros en numéraire. 14 véhicules ont été saisis et seront expertisés. Neuf personnes ont été présentées et mises en examen par le juge d’instruction de Rennes. Six ont été placées en détention provisoire.