Nouvellement promu à la tête de l’Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale, découvrons ensemble le riche parcours gendarmique de cet officier recruté sur titres il y a maintenant 28 ans.
Quel a été votre parcours avant de parvenir à cette fonction ?
Chacun des postes que j’ai occupés m’a été utile pour occuper le suivant, c’est une des richesses des carrières en Gendarmerie qui m’a attiré dans ce métier.
Grâce aux responsabilités que j’ai eues au sein de l’IRCGN, j’ai appris le fonctionnement et la particularité qu’est le travail d’expert scientifique. J’ai occupé différents postes : chef du département Signal-Image-Parole à la sortie de l’École des officiers de la Gendarmerie Nationale puis chef de la division criminalistique Ingénierie Numérique. Mes postes à responsabilités sur le terrain, en particulier en tant que commandant de groupement dans la Loire, m’ont permis, quant à eux, de comprendre les besoins des requérants et leurs impératifs.
Au total, en trente ans de carrière en Gendarmerie, j’ai occupé successivement une dizaine de postes, tous plus enrichissants les uns que les autres.
Parmi vos expériences de commandement à l’IRCGN, quelle affaire vous a le plus marqué ?
Une des affaires les plus marquantes que je peux évoquer aujourd’hui est celle de l’accident du Concorde en 2000 à Gonesse, alors que j’étais chef du département Signal-Image-Parole. J’ai été commis expert pour l’analyse de la boîte noire. Dépêché sur les lieux en fin de journée, l’enregistreur de vol a été retrouvé au milieu de la nuit et a aussitôt fait l’objet d’une copie et d’une exploitation à la demande du magistrat en charge de l’enquête judiciaire. Après 5 jours intensifs, une première expertise a été rendue. Les conversations ont été retranscrites, les alarmes et les bruits suspects ont été analysés. A l’écoute des dernières secondes de conversation dans le cockpit, on est frappé par l’extrême professionnalisme des pilotes qui ont tout fait pour maintenir l’avion en vol pour le poser, sans succès.
En quoi votre poste à la tête de l’IRCGN diffère-t-il de vos fonctions précédentes ?
La particularité de ce poste vis-à-vis de ceux que j’ai exercés tient à la fois dans la complexité de la gouvernance des 40 activités scientifiques que dans les personnels hautement qualifiés que je dirige.
Si l’Institut tient un rôle essentiel dans l’innovation scientifique au profit de la criminalistique, qui contraint ses experts à une veille technologie régulière pour en tirer les idées originales et les adapter à leurs domaines, le Directeur répond de l’engagement à tenir les délais imposés aux magistrats et aux requérants. D’autres activités propres à l’IRCGN telles que la capacité de projection opérationnelle sur scène de crime (complexe ou sensible, en métropole ou en Outre-Mer) ou l’identification de victimes de catastrophes nécessitent également un management et une formation particulière des personnels.
Selon moi, toute la difficulté de ce poste est finalement de maintenir un équilibre, parfois précaire, entre le respect du contrat opérationnel et la nécessité d’innover pour rester dans le haut du spectre des différents savoir-faire.
Quels sont les défis que vous avez dû relever lors de votre prise de fonction ?
En toute franchise, c’est probablement le poste le plus complexe de ma carrière.
Les avancées technologiques et les enjeux scientifiques ont beaucoup évolué en huit ans, depuis mon dernier poste à l’IRCGN. La prise en compte des missions et des personnels a par conséquent nécessité une grande capacité d’adaptation et d’écoute. J’estime à sa juste valeur la grande qualité de mes adjoints dans les divisions ou dans les services sensibles qui forment autour de moi une belle équipe soudée et performante, et qui m’ont facilité cette tâche.
Comment voyez-vous votre avenir ?
À court et moyen terme, l’Institut doit demeurer un laboratoire de référence aux yeux des requérants et du grand public. Les nombreuses innovations en cours de développement permettront de communiquer largement pour montrer nos savoir-faire, parfois uniques, en France. Rendre le service dont les enquêteurs et magistrats ont besoin est ma préoccupation principale.
A plus long terme, il est envisageable que je reprenne un poste de responsabilité territoriale.
Quel conseil donneriez-vous aux jeunes souhaitant s’orienter vers un métier dans la criminalistique ?
Ce métier d’expert est tellement passionnant qu’un étudiant motivé peut parvenir à ses fins et profiter de chaque stage ou travaux proposés pour offrir ses services. Suivre l’évolution des activités criminalistiques est également important et, pour conclure, se renseigner sur les opportunités offertes par l’IRCGN, en tant que civil ou gendarme, lui permettra d’atteindre ses objectifs.