Teillé : ivres, ils caillassent les gendarmes
Quatre jeunes d’Ancenis et Riaillé ont été condamnés mercredi 3 mars pour avoir caillassé les gendarmes au city-park de Teillé, dimanche 7 mars.
Par Nicolas Le Port
Publié le 12 Mar 21 à 16:01 mis à jour le 12 Mar 21 à 16:06
Les militaires sont intervenus dimanche 7 mars au city-stade de Teillé pour épauler les pompiers : l’un des quatre prévenus était en détresse respiratoire sur le mini-terrain de football.
Et pour cause : il avait alors 2 g d’alcool par litre de sang. Dans le groupe d’amis, certains jeunes passablement éméchés commencent alors à s’en prendre au véhicule de secours. Le plus virulent fait l’objet d’un contrôle d’identité. Pas de chance : il est sous le coup d’un mandat de recherches pour violences avec arme. Il doit être entendu par les gendarmes d’Ancenis. Le jeune est alors menotté puis placé dans le fourgon des gendarmes.
Mais rapidement la situation dérape. Le jeune interpellé parvient à s’enfuir grâce à l‘aide de ses amis, qui jettent des pierres sur les militaires.
Mais rapidement la situation dérape. Le jeune interpellé parvient à s’enfuir grâce à l’aide de ses amis, qui jettent des pierres sur les militaires.
Le fugitif s’est par la suite réfugié chez un ami à Drain, où il a sectionné ses menottes à l’aide d’une hache ! Il n’en a toutefois pas fait usage quand les gendarmes ont sonné à la porte le lendemain. Ces derniers ont donc pu l’interpeller, cette fois-ci, sans difficulté. Les autres prévenus ont pour leur part été arrêtés chez eux ou se sont rendus aux gendarmes de Riaillé.
« Le gendarme a placé son genou au niveau de mes parties génitales, j’ai crié de douleur, a expliqué aux juges celui qui a réussi à s’enfuir menottes aux poignets pour justifier sa rébellion. Les menottes étaient aussi ultra serrées, le sang ne passait plus. » Cet enfant adopté a aussi expliqué avoir cru, au départ, être victime d’un contrôle d’identité discriminatoire en raison de sa couleur de peau.
Déjà condamné une fois par le tribunal pour enfants, ce jeune homme est par ailleurs sujet à des troubles de l’attention et a déjà été hospitalisé en psychiatrie. Il veut à présent déménager à Cholet « pour s’éloigner d’Ancenis » et de ses mauvaises relations. En effet, l’un de ses co-prévenus est actuellement mis en examen dans une affaire d’extorsion avec arme.
« Comment, en 2021, en est-on arrivé à un tel point de négation et de défiance à l’égard de l’autorité ? Comment, à 18, 19 ou 20 ans, on peut s’opposer ainsi à des gendarmes ? », s’est exaspéré le procureur de la République. « Ces jeunes vous jouent la carte du contrôle au faciès et des violences policières, mais je n’y crois pas : vous avez ici des gendarmes de proximité, qui vont au contact du citoyen. »
Ressortis libres du tribunal
Face à cette situation « ubuesque » et « rocambolesque » provoquée par ce « commando improvisé », le représentant du ministère public a requis des peines de prison ferme et des maintiens en détention pour les deux principaux prévenus, et des peines de prison avec sursis probatoire pour les deux autres.
« Cela fait plus de trente ans que SOS Racisme existe en France et dénonce des contrôles au faciès, a répliqué maître Lise-Marie Michaud, l’une des quatre avocates de la défense. Avant, personne ne disait rien, mais cette remise en cause de la violence, il faut l’entendre, même si elle ne vient que d’une minorité de gendarmes et policiers. »
Le fuyard menotté et son compère en détresse respiratoire qui avait tout de même réussi à trouver la force de jeter des pierres aux gendarmes ont écopé au final de huit mois de prison avec sursis probatoire de deux ans, ils seront obligés de suivre des soins et de rechercher activement du travail. Ils sont donc ressortis libres du tribunal de Nantes alors qu’ils avaient été placés en détention provisoire.
Leurs deux complices, moins impliqués, ont quant à eux été condamnés à trois et cinq mois de prison avec sursis simple. Tous les quatre devront aussi verser 1 100 € de dommages et intérêts aux trois gendarmes parties civiles.