Tout a commencé par un débat classique entre majorité et opposition lors d’un conseil municipal. Le scénario ? Vendredi 27 novembre, à Roye, le maire, Jacques Fleury, attaque un nouveau point à l’ordre du jour. Un courrier de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) propose de donner un nom à celle qui est surnommée par les habitants la «  place du marché au poisson  ». Nom proposé ? Albert Freville. Élu de Roye dès 1904, il a créé des mutuelles et ce «  laïc convaincu  » a eu des fonctions au sein de la LDH de l’époque. À quelques jours de la Journée de la laïcité, l’idée séduit le maire.

Moins son opposition, puisque Christian Detroisien précise : «  Monsieur Spinelli (à la tête de la LDH en Picaride et ancien 1er adjoint au maire de Roye, ndlr) a déjà son arbre de la laïcité. Pourquoi un deuxième endroit pour la LDH ? Nous proposons une place Laurent-Pruvot, en hommage à ce gendarme tué  » à Roye, lors de la fusillade d’août dernier.

Un désaccord public exporté sur les réseaux sociaux

Les deux élus se sont écharpés. «  Je vous parle d’un personnage de Roye !  » lance le maire, à qui son opposant répond : «  Et moi d’un gendarme qui a donné sa vie !  » Finalement, l’idée d’une place Albert-Freville a été adoptée à la majorité ; malgré les votes« contre » émanant de l’opposition municipale.

L’histoire aurait pu en rester là, aux conclusions d’un vote enregistré en conseil municipal.

Sauf que Jacques Fleury a publié un communiqué sur la page Facebook de la Ville le soir même. Un communiqué qui met en cause Christian Detroisien qui «  utilise ainsi le malheur d’une famille à de médiocres fins politiciennes. Habile ? Non ! Méprisable ? Oui !  » Il n’en fallait pas plus pour mettre le feu aux poudres d’internet. D’abord avec des commentaires sur le communiqué de presse auquel l’intéressé, Christian Detroisien, répond : «  J’ai honte de faire partie d’un tel conseil municipal (…) Je ne vais pas vous haïr, je vais désormais juste vous ignorer car vous ne méritez guère plus.  »

Le débat s’exportera aussi sur la page Facebook de l’opposition, Roye Autrement. Cette fois, ce sont les élus de la majorité qui sont la cible de railleries. «  Cette proposition totalement apolitique a été refusée par le maire et tous les conseillers municipaux (exceptée l’opposition) qui, comme à leur habitude, suivent la décision du maire comme des mou tons ! » écrit Guillaume Carlier, autre conseiller d’opposition.

Noms d’oiseaux et querelle politique

De quoi lancer Olivier Spinelli dans la querelle en ligne. Il s’exprime alors ainsi : «  La mémoire de Laurent Pruvot (…) peut être honorée autrement qu’en en faisant l’enjeu de cette médiocre querelle engagée par la droite locale en plein conseil municipal.  » Nouvelle réponse de Christian Detroisien sur la totalité du commentaire dont le Courrier picard ne reprend qu’un extrait : «  Une honte monsieur, et vos renseignements sont à votre image  », suivi d’un adjectif qui n’a rien d’agréable.

Restent, au milieu des noms d’oiseaux et critiques émanant d’un côté et de l’autre, deux figures royennes. Albert Freville et Laurent Pruvot se retrouvent au centre de différends politiques. Bien éloignés des hommages et du souvenir qui pourraient leur être faits en laissant le nom de l’un ou de l’autre à une place jouxtant l’hôtel de ville.