Romorantin : il traite les gendarmes de « guignols », quatre mois ferme
Publié le 30/09/2020 à 06:26 | Mis à jour le 30/09/2020 à 10:14
Un habitant de Romorantin dort en prison pour avoir proféré des outrages contre les gendarmes, jeudi, aux Favignolles. Il a été condamné à quatre mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Blois.
Medhi, 31 ans, aurait mieux fait de tenir sa langue, jeudi dernier, quand il a aperçu les gendarmes en intervention dans sa rue à Romorantin. Cela lui aurait évité une garde à vue, un week-end à la maison d’arrêt et une comparution immédiate pour outrages. Les 23 mentions à son casier et son état de récidive ne plaidaient pas en faveur.
Les trois militaires avaient été appelés rue Louise-de-Savoie, aux Favignolles, pour une histoire de dégradations. En ressortant de l’immeuble, ils ont vu quelque chose tomber sur leur véhicule de patrouille : des gants en latex qui en s’écrasant, ont éclaboussé la carrosserie d’un liquide blanchâtre. Puis ils ont entendu quelqu’un les apostropher de sa fenêtre : « Bande de guignols, vous n’avez rien d’autre à foutre que de faire ch… les jeunes ? Je vais descendre et on va se mettre dessus ! »
Les gendarmes, qui ont reconnu l’intéressé, sont allés frapper à sa porte, mais le jeune homme a fait le mort. Il a fallu que le Psig, appelé en renfort, menace de défoncer sa porte d’un coup de bélier pour convaincre Medhi de se montrer coopérant. Ce qui ne l’a pas empêché de traiter un adjudant de « sale boche ». Le jeune homme avait alors un taux d’alcoolémie de 1,6 g.
« Pourquoi vous êtes-vous mêlé de ce qui ne vous regardait pas ? » lui demande le président Lionel Da Costa Roma. « J’étais énervé parce que, la veille, ma copine et moi, on a été agressés à domicile et que personne n’est intervenu. »
« Le problème c’est que les gendarmes ont vérifié : ils n’ont reçu aucun appel de votre part », rétorque le juge.
Le jeune homme affirme regretter. « Je ne pensais pas que guignol était une insulte, c’est pas méchant. »
« Vous savez pourtant bien ce qu’est un outrage, cela vous a déjà valu plusieurs condamnations, ça va s’arrêter quand ? » se désole le président.
Medhi a déjà passé plus de cinq ans derrière les barreaux. Sous contrôle judiciaire, il a encore des comptes à régler avec la justice. Le parquet qui a immédiatement mis à exécution une précédente peine d’un mois de prison ne compte pas en rester là. « Il ne supporte pas les forces de l’ordre, ce sont des outrages de provocation destinés à faire dégénérer la situation et en venir aux mains », assène le vice-procureur Jean Demattéis qui requiert un total de 14 mois d’emprisonnement.
Quatre mois ferme« Des réquisitions hors normes » proteste Me Aurore Douady, en défense. « Il ne comprend pas pourquoi les gendarmes ne sont pas intervenus la veille alors qu’il a été agressé avec son amie par deux individus encagoulés. Le médecin qui l’a examiné en garde à vue a relevé des hématomes et des cocards. Mon client n’a pas voulu outrager ni provoquer, il s’est excusé. L’incarcération va annihiler tout ce qui a été mis en place depuis sa sortie de prison. »
Le tribunal lui a néanmoins infligé quatre mois ferme avec maintien en détention. « Je ne ferai plus d’efforts » a lâché Medhi plein d’amertume.
Lionel OGER
Journaliste, rédaction de Blois