Rodéo en voiture avec les gendarmes : 6 mois ferme, le chauffard reste en prison
Le chauffard n’avait jamais passé son permis de conduire, ce qui ne l’a pas empêché de se livrer à un véritable rodéo qui aurait pu coûter la vie à plusieurs piétons et aux gendarmes qui tentaient d’arrêter sa course folle.
PAPEETE, le 17 août – Un dealer de paka de 32 ans a été condamné à 6 mois de prison ferme, ce lundi après-midi, pour s’être livré à un véritable gymkhana avec les gendarmes, dans la soirée du 20 juillet dernier entre Taravao et Taiarapu-est. Refusant de se faire contrôler alors qu’il était en plein deal, son paka dans la voiture, il avait manqué d’écraser piétons et militaires dans sa course folle.
La panique. C’est la seule excuse trouvée par un vendeur occasionnel de pakalolo, ce lundi à l’audience du tribunal correctionnel, pour expliquer sa folle épopée du 20 juillet dernier sur les routes de la Presqu’île. Déjà condamné onze fois pour des conduites sans permis de conduire –il n’a jamais passé l’examen- ce jeune homme de 32 ans était jugé en comparution immédiate pour refus d’obtempérer, délit de fuite, mise en danger de la vie d’autrui et infraction à la législation sur les stupéfiants.
Sans travail en attendant le renouvellement de son contrat d’accès à l’emploi, le prévenu, en détention provisoire depuis les faits, s’était reconverti dans le paka pendant ce temps-là « pour nourrir la petite famille » a-t-il expliqué.
Seulement voilà. Sans permis, et avec 41 sticks de pakalolo dans la voiture, ce papa d’un enfant en bas-âge a pris peur à la vue des gendarmes du côté du centre commercial de Taravao où il écoulait sa drogue.
S’en est suivi un véritable gymkhana, à la nuit tombée, qui aurait pu faire des morts.
Après avoir fait cinq fois le tour du rond-point en face de la grande-surface, qu’il a aussi pris à l’envers, notre homme s’est enfuit du côté de la route de Tautira à toute allure, en pleine zone urbaine. Atteignant des vitesses « proches des 140 km/h » explique la présidente du tribunal, il n’a pas hésité à forcer un premier, puis un second barrage de gendarmerie. Un dispositif d’interception spécialement déployé pour lui par les forces de l’ordre, sa détermination à ne pas s’arrêter faisant craindre le pire.
Un gendarme obligé de sauter dans le fossé
« Vous avez doublé dangereusement des voitures, manqué d’écraser des piétons et des cyclistes, puis un gendarme en roulant à gauche tous feux éteints pour éviter la fourgonnette placé en travers de la route » égrène la présidente Lacroix.
« Je ne voulais pas retourner en prison, cela ne s’est pas bien passé » répète le grand gaillard qui regrette amèrement aujourd’hui. « C’était pour ma petite famille, j’habite au fond d’une servitude dans la montagne, on n’a pas l’eau, je demande la clémence » poursuit le chauffard pour expliquer qu’il ne peut se passer de sa voiture. « Mais passez donc votre permis de conduire ! » sermonne un assesseur. « C’est la cause de beaucoup de vos problèmes ».
Le rodéo s’était fini contre un poteau électrique pour le prévenu, après avoir forcé un dernier barrage en manquant de peu d’écraser un gendarme, obligé de sauter dans le fossé pour ne pas se faire tamponner.
« Il a dépassé les limites de l’acceptable » a estimé le procureur de la république. « C’est lui qui s’est mis dans cette situation. Le rodéo a duré un temps certain et il ne peut pas se réfugier derrière la panique ».
Le prévenu a finalement écopé de 12 mois de prison dont 6 mois assortis du sursis avec maintien en détention pour la partie peine de la ferme. Sa voiture, une modeste Renault achetée 30 000 Fcfp un an plus tôt, lui a par ailleurs été confisquée.
Le chauffard n’avait jamais passé son permis de conduire, ce qui ne l’a pas empêché de se livrer à un véritable rodéo qui aurait pu coûter la vie à plusieurs piétons et aux gendarmes qui tentaient d’arrêter sa course folle.