Pendant deux jours, l’Atrium de Tassin-la-Demi-Lune a accueilli le premier salon régional de la sécurité. Vidéo protection, armement moins létal ou recrutement de gendarmerie, chaque stand proposait de s’informer sur les questions de sécurité, en particulier dans un contexte de menace terroriste.
« La société a changé, le terrorisme est entré dans nos foyers, il est plus qu’urgent de soutenir nos forces de police, nos préfets, et plus largement le gouvernement, aujourd’hui et demain » annonce le maire de Tassin-la-Demi-Lune lors de son discours d’inauguration du premier salon régional de la sécurité. En bas de l’estrade sur laquelle le discours est prononcé, une dizaine de stands exposent aussi bien des gyrophares que des solutions de logiciels libres à l’attention des commissariats. Dans un coin de la salle, un stand propose également un simulateur de conduite en voiture de police.
La question du juste et du nécessaire niveau d’armement
« Les grandes villes comme Lyon se sont interrogées » poursuit le maire de Tassin. « Et pour notre capitale régionale, le cap est franchi : elle arme sa police municipale. Nous nous posons aussi, dans nos petites communes, la question du juste et nécessaire niveau d’armement de nos agents ». Un stand a d’ailleurs particulièrement retenu l’attention du préfet du Rhône, venu lui aussi inaugurer l’événement. Une entreprise bretonne d’armement, « Redcore » présente son nouveau produit sorti en mars dernier : le « Flemm 44 », sorte de flash-ball 2.0 et 100 % fabriqué en France. « Un produit très performant pour stopper l’avancée d’individus à une distance de 30 mètres et qui peut également servir lors des perquisitions et des interpellations« , précise le vendeur au préfet. Cette arme « moins létal », qui n’est donc pas censée provoquer la mort, serait plus précise que les flash-balls grâce à un canon rayé,« comme dans James Bond » précise l’exposant en souriant.
« Dieu merci, les esprits évoluent »
Plusieurs stands proposent aux entreprises, aux élus ou aux particuliers des solutions de vidéoprotection, système de sécurité dont l’efficacité n’est plus à prouver aux yeux du préfet du Rhône, Michel Delpuech. « Il n’y a pas de difficultés, c’est un atout considérable » dit-il lors de son discours d’inauguration du salon. « La seule chose est de respecter le cadre de droit. »La vidéoprotection a de nombreux avantages pour le préfet, celle notamment de rassurer les citoyens : « le temps où les gens avaient le sentiment d’être espionnés me semble un peu révolu. Dieu merci, les esprits évoluent » lâche-t-il à la tribune. « Elle a même peut-être, et sans aucun doute on le sait, la vertu de dissuader. Son troisième mérite est d’être un outil d’une performance quasi inégalée en matière d’investigation et d’élucidation » poursuit le préfet. « La sécurité, et il faut sans cesse le rappeler, est la première des libertés. Pas de liberté sans sécurité. Avec l’emploi, c’est une des préoccupations les plus fortes de nos compatriotes et de nos concitoyens. »
Un stand de la gendarmerie pour le recrutement
Si la première journée du salon était réservée aux professionnels, la seconde est ouverte à tous, avec notamment l’organisation de conférence tout au long de l’après-midi sur des thèmes d’actualité, la cybercriminalité ou la lutte contre les cambriolages. Pour le stand de la gendarmerie, c’est aussi l’espoir de provoquer des vocations chez les jeunes. Le préfet l’a d’ailleurs précisé dans son discours : « renforcer la capacité d’action passe par des moyens et le renforcement des moyens humains est indispensable. Décidé en 2012, il y a un objectif de création de 9000 emplois de policiers et de gendarmes avec une priorité assez forte donnée pour les services de renseignement, la DGSI, mais également le renseignement territorial, qui est une structure nouvelle qui a vu le jour en 2013, prenant en quelque sorte l’héritage des RG ». Pour les jeunes tassilunois ou lyonnais en visite ce samedi, c’est bien le métier de gendarme qui leur sera présenté, tout comme les conditions d’entrée et les différents types de contrats.
Les moyens juridiques : « une clé pour s’armer contre le terrorisme »
Lors de son discours d’inauguration, le préfet du Rhône a insisté sur les outils juridiques,« une clé pour s’armer contre le terrorisme », et notamment la loi renseignement qui : « a permis de renforcer et de donner un cadre juridique à des pratiques qui étaient dans le flou ou dans le non-droit. Elles étaient insécures devant le juge et assez attentatoires- il faut bien le dire – aux libertés. Ce cadre juridique nouveau permet légalement de développer non seulement les interceptions de sécurité qui sont en place depuis 25 ans, mais la géolocalisation, la sonorisation de lieux ou de véhicules, la captation d’images ou de données informatiques, tout ça dans un cadre juridique précis, sous le contrôle d’une commission nationale de contrôle des techniques de renseignement. Ce cadre est à la fois plus sûr pour les agents de renseignements, plus efficace en permettant un spectre d’action impossible avant. Il permet d’avoir recours à des possibilités technologiques qui n’étaient pas susceptibles d’être mobilisées auparavant et c’est un cadre respectueux des libertés publiques et individuelles dès lors que c’est un cadre de droit ». Le préfet a poursuivi en précisant quelques chiffres : en France depuis 4 ans, sur les 80 arrêtés d’expulsion pris à l’encontre d’individus en lien direct avec la mouvance terroristes, 7 ont été décidés depuis le mois d’août. Localement, depuis la mise en œuvre de l’État d’urgence, cinq personnes sont assignées à résidence dans le département et plus de 550 perquisitions administratives ont été menées à la suite du 13 novembre.
500 cas de radicalisation dans le Rhône, 1500 dans la Région
« Compte tenu de la nature de la menace, de son caractère très endogène, c’est une action de long terme qui nous attend qui passe par beaucoup d’approches républicaines, évidemment l’école, les politiques de logement pour mettre fin à un certain nombre de ghettos, mais aussi par des outils plus ciblés afin d’essayer de prévenir la radicalisation en attendant de suivre les individus concernés » explique le préfet. Un peu plus de 500 cas de radicalisation ont été signalés dans le Rhône, et 1500 dans la région. Sur les 500 individus du département, entre 250 et 300 sont particulièrement suivis. « Ce qui demande un travail considérable aux services de renseignement, auquel participe bien sûr la gendarmerie nationale pour d’abord évaluer les situations et parfois essayer d’y apporter une réponse socio-économique. Si c’est un mineur en lien avec l’autorité judiciaire, cela peut être de le faire rentrer à l’école ou essayer de lui trouver une formation, parfois c’est tout simplement des techniques de police qui sont mises en œuvre avec l’objectif d’aller vers de la judiciarisation et de l’interpellation ».