Questions autour d’une interpellation houleuse
Justice – Foix (09) – Tribunal correctionnel
Un gendarme blessé à la main, quatre jeunes gens menottés et placés en garde à vue après une interpellation houleuse, des insultes et des provocations, voire des coups échangés : une interpellation houleuse s’est déroulée, la veille de Noël, à Laroque-d’Olmes.
Les quatre jeunes gens se trouvent sur la place du village lorsque la patrouille de gendarmerie arrive. Ils contrôlent un mineur, échappé d’un centre fermé, puis veulent faire de même avec les quatre jeunes gens. Mais l’un d’eux s’y refuse, persuadé que les gendarmes le connaissent, lui et sa petite amie, et qu’ils «font du zèle». Il leur répond : «Je m’appelle Napoléon. Et pour ma date de naissance, regarde sur Internet». Et encore : «Tu fais du zèle, tu peux te brosser». L’interpellation tourne mal lorsque le jeune homme veut quitter les lieux : «Je me casse chez moi». Le gendarme veut le retenir par le bras. Suit une altercation, à laquelle participera la jeune fille, revenue sur ses pas. Au point que le militaire sera contraint d’utiliser son pistolet électrique. Les quatre jeunes sont interpellés et conduits à la gendarmerie. L’un d’eux bouscule un jeune gendarme auxiliaire. Le dernier crache sur le sol de la brigade : il y a outrage.
«Nous avons seulement essayé de les maitriser, confie l’un des militaires à la barre. En Pays d’Olmes, la situation est de plus en plus tendue. Je suis en poste depuis six ans. Mais depuis six mois, c’est crescendo». Au point, d’ailleurs, que des renforts ont été envoyés de Pamiers et deFoix pour multiplier les patrouilles et «occuper le terrain».
Pour le procureur de la République, François Hébert, ces faits sont intolérables : «Vous avez tout le soutien de la justice, indique le magistrat, s’adressant aux militaires. Je n’accepterai jamais de voir des gendarmes être agressés de la sorte». Mais pour la défense, les gendarmes sont allés trop loin : «L’ordre public, auquel tout le monde est si attaché, régnait sur cette place… Jusqu’à ce que les gendarmes arrivent. Ils n’ont pas voulu que force reste à la loi : elle n’avait pas été mise à mal. Ils ont seulement voulu que force reste… à la gendarmerie», note Me Dedieu, avocat de deux des jeunes gens. Et son confrère, le bâtonnier Baby, d’enfoncer le clou : «Nous sommes dans un climat sécuritaire, et tout le monde en est victime, les jeunes comme les gendarmes. Ils sont en première ligne. Mais critiquer l’action de la gendarmerie, ce n’est pas lui manquer de respect. C’est une activité humaine. Et comme toutes les activités humaines, elle est faillible». Parlant de «dérapage», Me Baby s’en disait certain : «Les choses auraient pu se passer autrement. Des professionnels auraient dû faire en sorte que les choses se passent autrement». Et de faire remarquer que la procédure ne reproche rien d’autre à ces quatre jeunes que leur comportement au moment de leur interpellation.
Délibéré au 30 mars.
L. G.