«Pour moi»,les auteurs du vol
par ruse «ont tué mon mari»
Marcelle, 77 ans, en est persuadée, : si son mari Jean-Claude Gilmant, a été victime d’une crise cardiaque le 18 novembre, c’est sans doute parce que la veille, des arnaqueurs ont sévi. La bande n’avait pas un tour très original, reprenant le scénario de faux agents des eaux et de faux policiers. Mais la ruse était suffisamment bien rodée et crédible pour bluffer l’ancien gendarme cumulant 25 ans de carrière à Amiens. « Jean-Claude était fragile du coeur, mais il était bien suivi, raconte Marcelle. Or, cette histoire l’a énormément éprouvé. Il était d’un naturel plutôt méfiant. Or, là… On pense que le fait de se faire prendre, ça l’a travaillé… » Et terrassé. « Il a souffert d’un malaise cardiaque le lendemain. J’ai appelé les pompiers et il a été transféré à l’hôpital au service réanimation. » L’enquête de gendarmerie n’a encore rien démontré mais pour les proches de M. Gilmant, le lien de cause à effet est évident.
Avant son attaque
Le décès de l’ancien gendarme a été prononcé quelques jours plus tard, le 21 novembre. La famille n’a pu échanger avec la victime avant son décès, mais sait qu’il était « profondément choqué ». « Il a ruminé énormément au cours de la nuit, avant son attaque, insiste Marcelle. Il tenait à ce que je vérifie si mon sac n’avait pas été dérobé… » Marcelle aussi, était considérablement éprouvée : c’est elle qui a découvert le pot aux roses, en constatant que l’étage était sens dessus-dessous. Vers midi, ce jeudi 17 novembre, une personne se présentant comme un agent des eaux avait frappé à la porte et déclaré qu’en raison d’une fuite d’eau dans le quartier, elle devait vérifier l’installation d’eau potable. « Nous l’avons accompagnée à la cave. Puis j’ai entendu du bruit dans la maison. Alors, l’homme a déclaré que ce devait être l’un de ses collègues. Lorsque nous sommes remontés, deux policiers sont arrivés et ont attrapé l’agent des eaux. Ils ont dit qu’ils allaient revenir ensuite… » Évidemment, les faux fonctionnaires ne sont jamais revenus, et le couple a vite constaté que du numéraire et des bijoux manquaient. « Nous avons appelé les gendarmes. Ils ont bien expliqué que cela arrivait de se faire avoir. Les voleurs ont tellement de bagout : on est obligé d’y croire ! »
Personne n’est à l’abri, souligne Marcelle. témoignage rejoint les messages de prévention. La retraitée espère aussi secouer les consciences des auteurs. Les voleurs, dit-elle, « ont tué mon mari ».
Début novembre, nous évoquions l’intervention d’un infirmier qui était parvenu à déjouer de faux policiers, sur le point d’abuser l’une de ses patientes . L’infirmier avait tenu, lui aussi, à sensibiliser les personnes âgées et vulnérables, cibles privilégiées. L’histoire et l’émoi de Marcelle et de son époux ne l’étonnent pas. « Pendant deux, trois jours, ma patiente était vraiment mal à l’aise. Les victimes s’en veulent aussi d’avoir été crédules »…et d’avoir été abusées par des bandes sans scrupules. « Elles agissent malgré les messages de prévention, sont tellement sûr d’elles, leur histoire est tellement crédible. »