Porter plainte pour agression sexuelle : 500 témoignages montrent qu’un changement de mentalité est nécessaire dans la police et la gendarmerie
Objectif de l’enquête : vérifier si c’est facile de porter plainte
Depuis la campagne américaine #metoo, c’est la guerre sur les réseaux sociaux entre les victimes, très nombreuses, qui dénoncent les violences dont elles sont ou ont été victimes, certaines personnes qui rapportent, elles, une exagération et une stigmatisation de la drague, et d’autres qui poussent les victimes à aller porter plainte plutôt que de témoigner sur internet.
C’est justement à cette dernière démarche que le Groupe F et Paye ta Police s’est intéressée. Ils ont décidé de faire un appel à témoignage, pour obtenir un retour d’expérience des femmes qui sont allées porter plainte au commissariat ou à la gendarmerie. Ils souhaitent vérifier que cette démarche est simple et que les personnes accueillant les victimes adoptent l’attitude appropriée aux circonstances.
500 témoignages ont été récoltés en 10 jours, sous le couvert de l’anonymat. Ils comportent toutefois la date et le lieu du dépôt de plainte.
Des résultats inquiétants : dans 60 % des cas, les autorités ont refusé d’enregistrer la plainte
Tous les témoignages ont moins de 5 ans, 40 % d’entre eux ont moins de 2 ans et 28 % concernent l’année 2018. Il s’agit donc de témoignages récents.
« Dans 91 % des cas, les témoignages reçus racontent une mauvaise prise en charge. Parfois catastrophique » peut-on lire sur la page internet du Groupe F dédiée à cette enquête.
Le problème le plus récurrent dans les témoignages est « le refus de prendre la plainte » ou le fait d’avoir dû insister lourdement pour que celle-ci soit enregistrée (60 % des témoignages). Ce qui est totalement contraire à la loi.
Les violences subies sont minimisées, banalisées
52,9 % des femmes ayant porté plainte ont vu l’importance des faits qu’elles dénonçaient remise en question ou minimisée. Toujours sur le site internet de l’association, un témoignage qui en dit long rapporte le « dépôt d’une main courante pour tentative d’agression sexuelle ». Réaction du policier : « Enfin bon, c’est pas grave, c’est pas non plus un viol. Le prenez pas mal mademoiselle ».
La violence et les agressions subies sont d’autant plus banalisées lorsqu’il s’agit de violences conjugales, souvent catégorisées « histoires de couple », « dispute » ou « problèmes conjugaux », ce qui n’a rien à voir avec les faits de violence pour laquelle la victime vient de déposer plainte.
40 % des témoignages rapportent une culpabilisation de la victime
40 % des femmes se sont vues reprocher leur « tenue vestimentaire », leur « comportement », leur « consommation d’alcool » ou même leur présence dans la rue à une heure avancée de la nuit, comme si cela pouvait excuser le comportement des agresseurs, voire prouver la culpabilité de la victime plus que celle de l’auteur des violences sexuelles, ou son souhait évident de se faire agresser.
Cela montre la difficulté des mentalités à évoluer quant, au sein même de la police, dont les agents sont censés être formés à l’accueil et à la prise en charge des victimes, on reçoit les femmes de cette façon.
18 % des témoignages rapportent des moqueries
Près de 1 femme sur 5 n’est pas prise au sérieux lors de son dépôt de plainte, se retrouvant parfois victime de moqueries, de propos sexistes ou se retrouve à porter plainte dans des bureaux où des affiches pornographiques trônent parfois sur les murs.
« Faire changer les mentalités, coûte que coûte »
« Les pouvoirs publics appliquent la politique de l’autruche et refusent de regarder la réalité en face : nous avons un problème avec la façon dont les femmes victimes sont accueillies en commissariats et gendarmeries » explique le collectif.
Le Groupe F est bien décidé à être acteur du changement : « Nous irons dans chaque commissariat, chaque gendarmerie et proposerons des outils pour aider à changer les pratiques ».
Le collectif espère la mobilisation de toute la chaine de commandement dans les commissariats et les gendarmeries, mais aussi un meilleur traitement des plaintes pour agressions sexuelles par la Justice.
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