Policiers et gendarmes corses formés à la prise en charge des violences intra-familiales
Mercredi 14 octobre 2020 à 8:16 – Par Olivier Castel, France Bleu RCFM
Une vingtaine d’entre eux étaient réunis ce mardi en préfecture de Corse pour un atelier avec l’association d’aide aux victimes, la CORSAVEM. Plusieurs intervenants se seront succédés pendant trois jours.
C’est un brigadier-chef de la police d’Ajaccio qui en avait fait la demande auprès ministre de l’intérieur, lors de sa venue dans l’île. Un stage de trois jours, du 12 au 14 octobre, pour donner aux forces de l’ordre des outils qui leur permettront de mieux appréhender les appels, dépositions et témoignages sur des violences intra-familiales. Ces dernières sont en augmentation, +13% entre 2019 et 2020 (720 cas depuis le début de l’année selon la préfecture), et une partie serait imputable aux situations de huis-clos engendrées par la période du confinement, selon les services sociaux.
De plus en plus de femmes notamment sautent le pas pour dénoncer ce genre de faits. Pour autant, il est évident que les processus de prise des plaintes et d’écoute de ces plaignantes sont encore perfectibles. Afin d’éviter notamment les drames…
Pourtant les premiers échanges avec les plaignants restent le premier pas vers une sanction pénale, et la « manifestation de la vérité » comme on se plaît à dire et à l’entendre dans les prétoires. L’un des aspects de ce stage pour policiers et gendarmes, c’était l’observation : interpréter les signes et les gestes qui dénotent d’une situation d’urgence, quand la parole ne vient pas.
Stéphanie Colonna, brigadier-chef de la police à Ajaccio, se réjouit de l’intervention d’un médecin légiste.
« Faire la différence entre hématome et une ecchymose, par exemple, savoir voir aussi la datation d’une morsure…Tout ça permet de voir si ce sont des violences répétées ou ponctuelles, que la personne nous présente. Parfois elles peuvent aussi nous les cacher, dans ces cas-là, on s’intéresse aux gestes, aux attitudes… »
La vingtaine de membres des forces de l’ordre présentes en préfecture pour ce deuxième jour de stage a également recueilli le point de vue des associations, et défenseurs des droits des femmes, soucieux que les plaintes se transforment en procès, lorsque les faits sont avérés.
« Plus on est exhaustif dans le descriptif d’une audition, plus le magistrat pourra prononcer les bonnes mesures » Vanina Saget, Directrice régionale au droit des femmes et à l’égalité.
Mais en Corse, nos territoires ne sont pas égaux sur le plan des témoignages. Dans le rural, en zone gendarmerie, la promiscuité entre les victimes déclarées et les coupables désignés peut être un frein. Les deux parties, cela est arrivé selon les témoignages des gendarmes présents au stage, peuvent se croiser par hasard au sein des gendarmeries.
« On a pas mal de violences intra-familiales, au sens large. Maintenant, je pense que le fait d’être en zone rurale fait que l’on est un peu plus protégés…peut-être, cela dit, que les paroles sont plus libérées en zone urbaine », explique l’adjudante Lucie bauer, de la gendarmerie de Sartè.
Durant ces trois jours, médecin légiste, psychologue, mais aussi Mme le Procureur Carine Greff ont apporté réponses et moyens de mieux comprendre ces phénomènes humains, et donc complexes.