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Le - Non, le gouvernement n’a pas créé seulement 300 postes de policiers et gendarmes

Sur le plateau de «l'Emission politique», sur France 2, jeudi.

Sur le plateau de «l’Emission politique», sur France 2, jeudi.Capture d’écran France 2

Face à Benoît Hamon hier sur France 2, le maire FN de Beaucaire, Julien Sanchez, a repris un chiffre cité par «le Figaro». Et faux. Si on se borne à la période d’action gouvernementale, on arrive à une augmentation de 1 785 postes.

INTOX. Opposé à Benoît Hamon lors d’un débat, jeudi sur France 2, le maire FN de Beaucaire (Gard), Julien Sanchez, a livré un bilan calamiteux de la politique du gouvernement en matière de sécurité. «Vous supprimez des postes de policiers», a-t-il commencé à dire, avant qu’Hamon ne l’interrompe : «On en a créé !» Et le maire FN de répondre : «300 depuis 2012 ! Alors que Sarkozy en avait supprimé 12 500.»

DESINTOX. Il est facile de voir d’où sort le chiffre maigroulet des 300 postes créés : il était mis en avant par une enquête du Figaroévoquant 390 emplois créés entre 2012 et 2015. Une infographie résumait la situation :

Nicolas Bay, secrétaire général du FN, avait déjà repris ce chiffre, même s’il avait arrondi les 390 à la hausse plutôt qu’à la baisse.

Comme Désintox l’avait déjà expliqué, cette statistique est doublement fausse. La principale raison est que la baisse d’effectifs enregistrée en 2013 est une conséquence mécanique des suppressions de poste décidés par la droite… L’unité utilisée par la Cour des comptes est l’équivalent temps plein annuel travaillé (ETPT), c’est-à-dire un poste budgétaire dont la valeur se calcule en fonction de la période d’activité des agents sur l’année. Un poste à plein temps supprimé au milieu de l’année vaut ainsi 0,5 ETPT.

Lors de sa dernière année de mandat, Nicolas Sarkozy a décidé de plus de 3 500 suppressions de postes. Celles-ci sont intervenues en moyenne au milieu de l’année 2012. Conséquence : on ne retrouve que la moitié de la baisse dans l’exécution budgétaire de 2012. Ce qui est logique : l’économie sur les salaires versés n’a été réalisée que sur le deuxième semestre, quand ils étaient effectivement partis. En 2013, en revanche – alors que ces postes ont été perdus l’année précédente – l’impact budgétaire de leur suppression est total : d’où une baisse significative en 2013 (on passe de 239 040 postes budgétaires à 237 569). Bref, le gadin de 2013 reflète les suppressions de poste décidée fin 2011 par la droite. Ajoutons que cet indicateur de «postes comptables» est largement biaisé par des évolutions de périmètres dont, ni le Figaro ni évidemment Julien Sanchez ne tiennent compte. Ce chiffre de 300 policiers ne correspond pas à grand-chose.

Il existe, en matière de créations de poste, un indicateur bien plus parlant : le schéma d’emploi, qui permet de voir pour chaque mission le solde des entrées de l’année par rapport aux départs (dont les retraites). L’unité est l’équivalent temps plein (ETP). A la différence du calcul des ETPT, un agent à temps plein recruté vaudra 1 ETP, quelle que soit la date de son recrutement. Il se calcule par ailleurs à périmètre constant. Bref, on sait pour chaque année combien de personnes sont parties, et combien sont arrivées.

Voilà ce que nous dit la Cour des comptes : en 2012, le schéma d’emploi exécuté s’est traduit par une baisse de 1 995 policiers et 1 530 gendarmes. Sur les trois années suivantes, on arrive à un solde positif de 1 785 policiers et gendarmes. Dans le détail : en 2013, +189 gendarmes et -197 policiers. En 2014 : +823 policiers et +173 gendarmes. En 2015 : +553 policiers et +244 gendarmes.

Verdict : si on se borne à la période d’action gouvernementale (qui commence par les évolutions d’effectifs de 2013), on arrive à la création de 1 785 postes. Voilà le bilan temporaire des socialistes au pouvoir. Comme nous l’expliquions aussi, on est loin des 9 000 postes promis par l’exécutif en place. Mais il est un peu trop tôt pour en faire le reproche. Les postes ont été promis pour fin 2017. Et les schémas d’emploi de 2016 et 2017 prévoient plus de 7 300 créations de poste sur les deux dernières années.

Il faudra attendre l’exécution du schéma d’emploi de 2016 puis de 2017 pour trouver (ou pas) les quelque 9 000 postes promis. En tout état de cause, on est déjà au-dessus des 300 postes créés.

Cédric Mathiot

Sourcewww.liberation.fr
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