« Montrer le vrai visage de la drogue » aux adolescents
À sa majorité, un jeune sur deux a déjà consommé des produits stupéfiants. Pour alerter sur leurs effets, les gendarmes ont fait de la prévention au lycée.
Au quotidien, leur métier les expose à la drogue. Le gendarme Facelina, à la brigade territoriale du Tréport, est confronté à ses effets judiciaires, qu’il s’agisse de consommation ou de trafic. L’adjudant Boulinguiez, du PSPG (Peloton spécialisé de protection de la gendarmerie) de Penly, est formateur relais antidrogue. Il a reçu une formation spécifique pour apprendre les produits, connaître leurs effets, appréhender leurs conséquences.
Ce binôme a animé, hier, trois séances de prévention de deux heures auprès de 250 élèves du lycée Anguier, à Eu. « C’est à l’adolescence que se font les premières consommations de drogue, justifie le gendarme Facelina. Ces lycéens sont la base de tous les futurs phénomènes, c’est donc là qu’il faut intervenir ».
Des gendarmes parents
Dans l’amphithéâtre de l’établissement scolaire, les militaires font rapidement tomber le masque. « Nous sommes en uniforme parce que nous sommes obligés de le porter, mais voyez en nous des parents, demande l’adjudant Boulinguiez à son auditoire, des parents qui s’interrogent sur ce qu’il peut arriver à leurs enfants. Ce que nous voulons, c’est vous montrer le vrai visage de la drogue ». Le gendarme Facelina insiste : « nous sommes ici pour faire de la prévention pas de la répression ».
Difficile tout de même pour ces jeunes de se présenter devant les militaires comme d’éventuels consommateurs. Alors les messages passent par des « j’ai entendu dire que », « j’ai un copain qui », « il paraît que ». Ici comme ailleurs, on estime qu’un jeune sur deux consomme de la drogue. Du cannabis bien sûr, mais pas seulement. « Ce n’est pas parce que nous n’avons pas de trafic d’héroïne ou de cocaïne que nous n’avons pas de consommateurs, souligne le gendarme Facelina. Les jeunes ne passent pas toutes leurs soirées ici. Et nous ne sommes pas loin de la Belgique ». À l’aide d’un diaporama, les intervenants sensibilisent notamment aux effets à long terme de ces conduites addictives. L’évolution physique de cette consommatrice d’héroïne en a choqué plus d’un. Images choc, public réceptif. « Notre but c’est de leur dire : « attention on vous vend tout ça comme quelque chose de sympa, festif, mais ça ne l’est pas. Il y a des effets à long terme que vous ne mesurez pas » ».
76 nouveaux produits
Un chiffre aussi a fait mouche : « actuellement, on recense 76 nouveaux produits, quasiment tous des stimulants », explique le spécialiste du PSPG. Le crocodile par exemple vient de Russie et se consomme par injection. « Plus il y aura d’injections, plus la peau va se nécroser, jusqu’à risquer l’amputation ». La sisa, elle, arrive de Grèce. « C’est un produit qui est fumé, à l’origine avec du liquide de batterie. Des abcès se forment et finissent par pourrir le corps ». Face à ces nouvelles drogues, le territoire n’est pas à l’abri. Un cas suspect aurait été relevé cet été.
Source : www.courrier-picard.fr