Montpellier : on a testé la nouvelle limitation de vitesse à 30 km/h en ville
Circulation – Déplacements, Montpellier, Société
Publié le 06/08/2021 à 16:31 , mis à jour le 07/08/2021 à 09:38
Depuis le 1er août, la vitesse automobile est limitée à 30 km/h à Montpellier. Est-ce respecté ? Pour l’heure, non. Elle n’est même pas vraiment signalée.
La mesure a été votée par le conseil municipal le lundi 26 juillet dernier. L’arrêté en découlant a été signé par le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, jeudi 29 juillet. Pour une mise en application le dimanche 1er août. Depuis donc, la vitesse à Montpellier est, en grande partie, limitée à 30 km/h.
Comme saint Thomas, on a voulu voir. Quoi de mieux alors que de parcourir trente kilomètres en ville pour tester ces 30 km/h ? À deux roues, pour plus de liberté. Mais il faut bien le reconnaître, en début d’après-midi, en semaine, début août, la circulation était fluide et les conditions très peu propices au respect de cette nouvelle réglementation.
Chapeau Séverine
Tout d’abord, chapeau Séverine ! Elle est la bonne élève de cette nouvelle mesure. Rue de Claret, le long de l’avenue de la Liberté, entre Figuerolles et avenue de Toulouse, la Montpelliéraine respecte rigoureusement cette nouvelle limitation. Le compteur est bloqué sur 30 km/h. Elle a bien suivi : « C’est comme ça depuis le 1er août. Si j’ai vu des panneaux ? Il y en a un à l’entrée de la ville, côté Rieucoulon. »
La trottinette qui flirte avec la limitation
Quelques minutes plus tard, en remontant l’avenue de Toulouse, l’agent de Tam, au volant d’un véhicule de service, est lui aussi très attentif. Pour tout dire, sur trente kilomètres, ce sont les deux seuls conducteurs respectueux de l’arrêté que l’on ait approchés. Et ce n’est pas faute d’avoir sillonné la ville, dont quelques allers-retours sur différents axes. Depuis le rond-point de la Lyre, l’avenue Charles-Flahault, Père-Soulas, Las-Sorbès, Faubourg-Figuerolles, l’avenue de Toulouse, Colonel-Pavelet, Prés-d’Arènes, Moularès, la Pompignane, avant de rentrer dans le centre-ville par le faubourg de Nîmes, pardon l’avenue François-Delmas.
Et il faut bien l’avouer, respecter la limitation un après-midi de début août, alors que le trafic est loin d’être encombré, est bien une gageure… que même les bus de la ville ont du mal à tenir entre deux arrêts, éloignés de quelques centaines de mètres, dans le secteur de Louis-Ravas. Idem, ou presque, quelques rues plus loin pour cette trottinette qui flirte avec l’illégalité.
« À cette vitesse tu roules en 2e »
Pascal Gaucher est moniteur et patron de l’auto-école du pic Saint-Loup. Il ne s’en cache pas, la limitation à 30 km/h pour les conducteurs en apprentissage, il ne l’a pas encore appliquée.
Certains ont râlé car il y a des endroits où ce sera compliqué de les tenir. Mais pour l’heure, il n’y a pas un panneau. On verra à la rentrée, la signalisation devrait être installée. J’ai regardé la carte, les grands axes, c’est 50 km/h, mais dès que tu en sors un peu, tu passes à 30.
Quand il y aura de la circulation, ce sera bouché, tu ne verras pas la différence mais quand ce sera dégagé, c’est là que ce sera compliqué à tenir. 30 km/h, tu roules en seconde. Ou en troisième avec un léger sous-régime, beaucoup ont dû mal à doser. Alors ça fait, 30-50-30-50… Mais, bon, dans l’hyper centre, je le conçois.
Autre test : on roule devant et on bloque nous-même le compteur à 30 km/h… Et voilà qu’à Las-Sorbès, au volant de sa grosse cylindrée, le conducteur n’a pas franchement la visibilité, qu’importe, il préfère dépasser sur le zébra. Second lieu, second essai à la sortie du rond-point des Prés-d’Arènes, celui-ci préfère user du klaxon.
Il faut dire que si la limitation est en vigueur, la signalisation n’est pas encore de mise. Hormis des zones 30 sur certains axes à l’entrée des villes, elle est même quasi inexistante.
Signalisation à 50 dans le tunnel de la Comédie
Le pompon ? Ce panneau « Rappel 50 » rue Marie-de-Montpellier, au pied de la nouvelle mairie. Ou encore ces panneaux clignotant à 50 à l’intérieur du tunnel de la Comédie. Ah bon, Montpellier est vraiment limitée à 30 km/h ?
Plus de chances de survie et moins de pollution
L’arrêté en date du 29 juillet dernier commence par deux statistiques : – la distance d’arrêt d’un véhicule est divisée par deux (de 28 m à 13 m) en abaissant la vitesse de 50 à 30 km/h ; – le risque pour un piéton d’être tué lors d’une collision avec un véhicule roulant à 50 km/h est de 90 %.
Le risque d’une collision mortelle quand le véhicule roule à 30 km/h passe à 10 %… Des chiffres confirmés par la Prévention routière. Lundi, nos confrères de France 2, pour le 20 h, ont réalisé un reportage à Grenoble, ville pionnière du passage au 30 km/h, c’était en 2016. Qu’y apprend-on ? Que la mesure divise toujours ; que, comme on a pu le tester, maintenir une vitesse de 30 km/h n’est pas si évident ; et qu’il y a peu de répression. Dans l’ensemble, il semble que deux conducteurs sur trois l’aient accepté. Résultats : les automobilistes grenoblois seraient « plus précautionneux ».
Mais aussi, il y aurait moins de bruit et moins de pollution. Avec un taux de dioxyde de carbone divisé par deux. Un chiffre qui ne serait pas uniquement dû à la réduction de la limitation de vitesse mais à « une politique plus globale », notamment, à Grenoble aussi, tournée vers les cyclistes, plus en sécurité et dont le nombre aurait augmenté de 30 % entre 2018 et 2019.
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