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Montpellier : des gendarmes high-tech face aux cyber-gangsters

Internet est-il devenu une zone de non-droit, où l’on puisse commettre ou montrer n’importe quelle infraction ? « Non » répond l’adjudant Laurent Dupré, enquêteur spécialisé dans les nouvelles technologies (NTEC) à la section des recherches de Montpellier. 

Montpellier des gendarmes high-tech face aux cyber-gangstersDes motards qui diffusent sur Youtube les vidéos de leurs excès de vitesse sur les routes héraultaises, du chantage après des séances de webcam érotiques… Internet est-il devenu une zone de non-droit, où l’on puisse commettre ou montrer n’importe quelle infraction ? « Non » répond l’adjudant Laurent Dupré, enquêteur spécialisé dans les nouvelles technologies (NTEC) à la section des recherches de Montpellier.

« Le card-sharing et la dream-box »

Un gendarme high-tech, occupé ce jour-là à disséquer l’ordinateur d’un adolescent ayant proféré sur la toile des menaces d’attentat. « On ne peut pas rester anonyme sur internet. C’est très rare que nous ne puissions pas identifier quelqu’un. Nous avons des outils techniques, mais le comportement de la personne sur le net, ses centres d’intérêt vont aussi nous aider à savoir qui elle est ».

Un type d’escroquerie en plein essor

Depuis déjà dix ans, l’adjudant Dupré enquête au cœur des ordinateurs et des téléphones portables, et fait des filatures virtuelles, sur la trace de connexions internet. Un univers en perpétuelle évolution. « Au départ, on s’est concentré sur la pédopornographie. Mais aujourd’hui, dans chaque département, il y a un enquêteur NTEC, et de jeunes gendarmes qui ont grandi avec internet, et sont capables de faire ces enquêtes-là. » Lui se focalise désormais sur « les infractions plus graves, avec de gros préjudices ». Exemple ? « Le card-sharing et la dream-box ».

« On ne peut pas rester anonyme sur internet »
L’adjudant Laurent Dupré

Un type d’escroquerie en plein essor, dont sont victimes les télévisions cryptées à péage. « Il y a des complices qui réceptionnent localement Canal +, font une manip’et rebalancent le signal via, surtout vers le Maroc et la Tunisie. Ils se font payer 80 € l’abonnement annuel, à ce tarif, ça intéresse aussi bien des gens en France qu’à l’étranger. »

« Pas pour faire le plein gratos »

Autre grand type d’arnaque numérique : les paiements par carte. On trouve de tout : la fausse façade de distributeur automatique de billet, indécelable à l’œil nu, qui copie vos données bancaires. Mais on trouve aussi ces dispositifs sur les pompes à essence, « pas pour faire le plein gratos, mais pour intercepter vos données et les réutiliser ailleurs. »

Dernière innovation en la matière : le faux terminal de paiement électronique (TPE), cette petite machine portable dans laquelle vous glissez votre carte pour régler vos achats. La technique : deux clients arrivent chez le commerçant, l’un achète, l’autre distrait le vendeur au moment de payer. « L’idée est de lui coller un faux TPE dans les mains. Une fois qu’ils sont connectés au réseau, ils vont capter toutes les données, grâce à un “téléphone sniffeur “».

Les “zombies “, ces ordinateurs dont les malfaiteurs prennent le contrôle à distance

Des arnaques qui rapportent gros à ces experts venus souvent de Bulgarie ou de Roumanie. « Une seule carte ramène jusqu’à 600 €, soit l’équivalent de trois smic chez lui » raconte le gendarme qui a récemment interpellé l’un de ces escrocs qui roulait en Porche. Difficiles à confondre grâce au net, les derniers malfaiteurs de ce type confondus par les enquêteurs montpelliérains l’ont été « parce qu’on a compris leurs habitudes, et attendu qu’ils fassent une erreur ».

Restent des pratiques qui peuvent parfois mettre en échec les gendarmes sur le net. Les “zombies “, ces ordinateurs dont les malfaiteurs prennent le contrôle à distance, pour les obliger à commettre des actions répréhensibles. Et la toute dernière tendance qui fait fureur chez les trafiquants de drogue : des applications pour smartphones, censées rendre impossible toute écoute ou interception policière. Pas de quoi pourtant décourager l’adjudant Dupré : « C’est l’homme qui invente tout ça, c’est aussi l’homme qui peut le décrypter. »

QUELQUES CONSEILS POUR LIMITER LES RISQUES

« Ne pas se faire pirater, c’est aussi une question de comportement » rappellent les spécialistes nouvelles technologies de la gendarmerie. Avec des conseils de base, quand on va au distributeur : « mettre sa main au-dessus du clavier quand on compose son code, pour masquer d’éventuelles cameras, s’arrêter si on vient vous distraire, et privilégier les distributeurs situés à l’intérieur des agences bancaires ».

Mais sur internet aussi, il ne faut pas hésiter à avoir recours aux nouveaux moyens de paiement mis au point par les banques : des “cartes de paiement virtuelles “, d’une durée de vie de 24 h, et qui ne sont donc pas piratables. Enfin, méfiez-vous des connexions Wi-Fi, notamment pour effectuer des paiements en approchant simplement votre carte bancaire de la caisse : un haut responsable de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) a expliqué récemment que ses services avaient testé le dispositif. Et décodé les données bancaires de la carte à 15 mètres de distance…

SourceMidi Libre www.midilibre.fr

 

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