Mis en ligne le 7/02/2022 à 14:24
Menaces numériques : de nouveaux outils pour la gendarmerie de l’Eure
Pour faire face aux nouvelles menaces venues d’Internet, la gendarmerie continue sa mue et se dote de nouveaux outils. Entretien avec Emmanuel Gros, patron des gendarmes de l’Eure.
La gendarmerie opère sa transformation numérique avec des nouveaux outils pour s’attaquer aussi bien à la cyberdélinquance qu’à l’anticipation de futurs cambriolages. Le point avec le colonel Emmanuel Gros, qui commande le groupement de gendarmerie de l’Eure.
Quelle est l’utilité du nouveau logiciel Ubiquity ?
Emmanuel Gros : « Ubiquity, en fournissant une solution de travail en mobilité, est une véritable révolution : nous passons d’une logique de service au guichet à une logique de service sur le pas-de-porte. Toujours plus présents sur le terrain et en proximité, toujours plus au contact des Français : c’est notre objectif. Il s’agit de permettre davantage de proximité avec nos concitoyens, sans contrainte pour l’usager comme pour le gendarme. Le PC Ubiquity propose donc le même environnement de travail que le PC Intranet, avec la capacité de se connecter au système d’information de la gendarmerie depuis n’importe quel accès Internet (Wifi, filaire, clé 4G). »
900 téléphones sécurisés à partie de mars
Les gendarmes vont-ils également être équipés, comme les effectifs de police, de téléphones sécurisés par le programme NEO ?
« Le programme NEO 2 comprend non seulement le renouvellement du parc de téléphones portables NEO 1, mais aussi, pour la gendarmerie, l’extension du nombre d’utilisateurs à tous les personnels de l’institution. Il implique une manœuvre technologique et logistique conduite en transversalité, pour une dotation progressive des unités à compter de mars 2022. Ce sont 900 NEO 2 qui seront déployés au sein de la gendarmerie de l’Eure à compter de mi-mars. Tous les gendarmes du département seront ainsi dotés. L’objectif pour la gendarmerie est de pouvoir monter en gamme dès 2022, afin d’être prêts à l’automne 2023 pour la Coupe du monde de rugby, puis les jeux Olympiques de Paris en 2024. »
« Nous sommes tous des victimes potentielles »
Dans quels domaines la gendarmerie pourrait encore bénéficier d’innovations ?
« Hier limitée à l’escroquerie financière, la délinquance dans le cyberespace est désormais multiforme et sa surface d’attaque ne cesse d’augmenter. Nous sommes tous des victimes potentielles : l’État, les entreprises, les collectivités territoriales, et bien sûr les citoyens. En 2021, plus de 100 000 cyberattaques ont été enregistrées, en augmentation de 22 % par rapport à l’année précédente, et la tendance est exponentielle. Ces chiffres reflètent très insuffisamment la réalité puisqu’on estime que, pour une plainte reçue, il y aurait plus de 250 attaques non signalées. Dans ce contexte, notre ambition est d’assurer la sécurité de nos concitoyens, où qu’ils se trouvent, dans le cyberespace comme dans l’espace physique. Il ne doit pas y avoir de zone de non-droit.
D’où la création du Commandement de la gendarmerie pour le cyberespace : le ComCyberGend. Pour une approche globale inédite sont désormais réunis, sous un commandement unique, tous les moyens nécessaires pour remplir nos missions dans le cyberespace : l’accueil numérique du citoyen, la prévention, l’investigation, l’appui aux enquêteurs et l’expertise de haut niveau. Parce que l’on ne peut relever seul le défi de la cybersécurité, les partenariats seront aussi largement développés. La gendarmerie traite l’information depuis toujours, elle doit désormais savoir traiter les données. Notre but est que nous réussissions, grâce à l’intelligence artificielle, et dans le respect des règles de protection des données, à confier “au bon gendarme, au bon moment, sur le bon support, la bonne donnée”, et tout cela de façon automatique. Le futur proche c’est l’affichage automatique sur NÉOGEND des numéros de téléphone des commerçants ou exploitants agricoles potentiellement menacés après un cambriolage voisin, l’apparition automatique sur une tablette de la fiche d’un malfaiteur dont vous venez d’avoir le signalement ou encore des notifications qui signaleraient, alors que vous entamez la rédaction d’une procédure sur une situation de violence intrafamiliale, les dernières modifications de la procédure pénale sur ce thème. C’est ça, la transformation numérique que nous voulons. Pour qu’elle soit utile au terrain. »