Marc, gendarme agressé en
service: « Au-delà de la douleur
physique, il y a une douleur
morale »
TEMOIGNAGE – Avec 5.684 agressions physiques ou verbales signalées en 2015, l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales constate une augmentation, par rapport à 2014, de 15% des atteintes visant les gendarmes. Marc en a fait la douloureuse expérience.
Les agressions envers les gendarmes ont explosé l’an dernier. Avec 5.684 agressions physiques ou verbales signalées en 2015, l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales constate une augmentation, par rapport à 2014, de 15% des atteintes visant les gendarmes. Une hausse plus importante encore (+27 %) pour les agressions physiques. Et, sans surprise, ce sont les sous-officiers – autrement dit les gendarmes de proximité – qui sont les premières victimes. En particulier lors des interpellations. Viennent ensuite les militaires des unités mobiles qui effectuent des missions de maintien de l’ordre, notamment lors des manifestations.
« J’ai l’épaule déboîtée »
Etre agressé en service, Marc en a fait la douloureuse expérience. Constatant un délit routier, il tente d’arrêter le conducteur mais le suspect refuse d’obtempérer. La situation dégénère. « On bascule dans ce monde de violences en une fraction de seconde. On ne s’y attend pas parce qu’on est là pour faire respecter la loi et non pour terminer sur un lit d’hôpital », témoigne-t-il.
« Dans mon cas, l’individu a eu le temps de se réfugier chez lui. Il ressemblait à M. Tout-le-monde donc il n’y avait pas de quoi s’inquiéter, se souvient Marc. Mais au moment de l’interpeller, il s’est violemment débattu et a refusé de nous suivre. Au moment de le saisir avec mon collègue, il a repoussé mon bras. J’ai eu l’épaule déboîtée et ai perdu connaissance. J’ai donc été évacué à l’hôpital. Mais, au-delà de la douleur physique, il y a aussi une douleur morale ».
« Je sais où est ma faiblesse »
Marc a été arrêté pendant deux mois et la reprise a été difficile. « Des tas de choses passent dans votre tête. On s’interroge et notamment de savoir si l’on va pouvoir continuer à exercer mon travail, explique-t-il. Tout ça étant la conséquence d’un traumatisme, ce n’est pas facile à vivre au quotidien ». « Il y a aussi des interrogations plus ‘privées’ comme savoir si j’allais retrouver l’usage de mon bras, de mon épaule », poursuit le gendarme.
A-t-il eu des appréhensions à revenir sur le terrain? « On en a toujours, assure-t-il. On a toujours une faiblesse. Je sais où est la mienne: c’est mon épaule. Je sais très bien que, si un jour je suis encore obligé d’user de la force, je ferais en sorte de me protéger à ce niveau-là. C’est humain, c’est logique. Je n’ai pour autant plus d’angoisse à aller sur le terrain, j’ai passé le cap. Mais il m’a fallu du temps… »