Manuel Valls s’oppose aux «vendeurs d’illusions»
Le ministre de l’Intérieur s’est exprimé lundi devant les responsables de la police et de la gendarmerie venus découvrir leur feuille de route pour les années à venir.
«Je refuse d’être un vendeur d’illusions.» Le discours de Manuel Valls aux forces de l’ordre, lundi, à Paris, dans l’amphithéâtre de l’École militaire, ne visait personne en particulier. Mais après les violentes attaques dont le ministre de l’Intérieur a été l’objet dans son propre camp, pour avoir déclaré le 24 septembre que les Romsposaient de sérieux soucis d’intégration, on aurait juré entendre murmurer dans l’assistance les noms de Cécile Duflot, Jean-Luc Mélenchon et de quelques autres. Aux «illusions» donc, l’hôte de Beauvau était venu opposer les vertus du terrain. Un bon sens presque paysan, pour dire que son action en profondeur «ne coïncide pas toujours avec les pressions désordonnées de l’immédiateté». «Une certaine sagesse agricole veut d’ailleurs que le semer et la moisson ont leur temps et leur saison», a-t-il rappelé.
Son ton était un peu monocorde, son visage un brin fermé. «Être le premier flic de France, c’est décider», a-t-il lancé devant les responsables de la police et de la gendarmerie venus découvrir leur feuille de route pour les années à venir. Et dans sa «réalité», Valls l’opiniâtre a cru déceler des résultats. Il n’a cessé de le marteler durant sa très longue intervention: «Nous avons obtenu des résultats.» Ce qui se vérifie tout spécialement, à ses yeux, dans les zones de sécurité prioritaires (ZSP) qu’il mit en place dès sa nomination l’an dernier. Un peu moins sur le reste du territoire…
«Communication défensive»
Sur les campements de Roms, le ministre de l’Intérieur assume: «Les évacuations se poursuivront», prévient-il. À quel rythme? L’opposition s’interroge: «Aucun chiffre, aucune évaluation en dehors des coups de mentons», corrige sévèrement le député UMP de l’Yonne, Guillaume Larrivé, qui a d’ailleurs écrit au ministre pour obtenir des éclaircissements sur le «vrai bilan» de la lutte contre l’immigration illégale en France.
Le terrain, quoi qu’il en soit, dicte ses priorités à Manuel Valls, sourd au chœur des belles âmes. Le ministre l’assure: «Les efforts ne doivent pas être relâchés dans la lutte contre l’immigration irrégulière. Nous devons, sans relâche, démanteler les filières qui exploitent la misère humaine», déclare-t-il. Mais là aussi, les chiffres manquent à l’appui de sa démonstration. Une chose est certaine: le ministre de l’Intérieur, attaqué sur son flanc gauche comme sur son flanc droit, a fait face sur le front des troupes. Aux chefs de police et de gendarmerie, il a rappelé une recette qu’il applique, pour sa part, sans complexe: «Déployer une communication positive mais aussi réagir par une communication défensive quand l’institution est attaquée.»
Valls-Duflot : les membres de la majorité choisissent leur camp
VIDÉO – Si Jean-Luc Mélenchon se range du côté de la ministre du Logement, la plupart des membres du gouvernement soutiennent ouvertement le ministre de l’Intérieur.
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