Livre. Gendarmes bretons sur sol afghan
12 avril 2015 à 07h00/ Jean Le Borgne
Le colonel Stéphane Bras (ci-contre, à gauche) quittera le commandement des gendarmes du Finistère au cours de l’été.
Patron des gendarmes du Finistère, le colonel Bras signe le premier livre (*) consacré à l’action des gendarmes en Afghanistan. En 2010, il était à la tête des deux escadrons bretons partis former des policiers du pays.
« Je voulais faire connaître ce que les gendarmes français ont fait là-bas. Ce livre est un hommage à ces gendarmes qui ont servi sous mes ordres. Ils méritent cette reconnaissance ». En mai 2010, 100 gendarmes mobiles des escadrons de Rennes et Pontivy (56) étaient engagés pour six mois dans une mission de formation des policiers afghans. À leur tête, le colonel Stéphane Bras, devenu commandant du groupement de gendarmerie du Finistère à son retour.
Cinq ans plus tard, l’officier de gendarmerie revient sur cette mission de Police operational mentoring and liaison team, POMLT dans le jargon militaire. Une mission nouvelle pour les gendarmes français spécialisés dans le maintien de l’ordre. Ils ont, pour cette raison, bénéficié d’une formation intensive pendant sept mois, avant de rejoindre le théâtre des opérations. « Notre mission n’avait pas d’équivalent dans l’histoire de l’institution », écrit le colonel qui évoque, par exemple, la nécessité de pouvoir commander un tir d’artillerie.
L’occasion pour les gendarmes de faire valoir leur double qualification : « Nous sommes des militaires et une force de police, ce qui nous a permis de réaliser nos missions traditionnelles dans un environnement dégradé d’un théâtre de guerre ».
Expliquer et convaincre
Une spécificité que les gendarmes auront dû faire comprendre, particulièrement aux Américains à la tête de l’Isaf. Sans langue de bois, le colonel évoque leur méfiance. « Il a fallu expliquer et convaincre nos partenaires du bien-fondé de notre façon de procéder. Ils ont fini par reconnaître qu’une telle force aurait été bien utile en Irak ». Y compris à l’Armée de terre française intégrée comme les gendarmes à la brigade Lafayette, « que nous étions là pour une mission de formation ».
Le quotidien des gendarmes
Pendant six mois, les gendarmes bretons ont ainsi participé à la préparation des policiers afghans. Les accompagnants dans des missions conjointes. Leur terrain d’action : les montagnes désertiques des provinces de Kapisa et de Surobi, dans l’est de Kaboul.
Tout au long de son ouvrage, le colonel Bras évoque le quotidien de son unité. Des opérations comme les gendarmes en font de façon quotidienne au contact de la population. Des missions d’infiltration plus périlleuse, aussi, dans un pays en proie à la guerre, aux côtés des unités de l’armée de terre et du GIGN.
Encadrement et corruption
Il avait rapidement découvert « des hommes mal encadrés, souvent corrompus et d’une fiabilité tout à fait relative ». Mais au terme de sa mission, le colonel avait quitté l’Afghanistan se disant « plutôt agréablement surpris du comportement général des policiers afghans ».
« Je suis rentré assez optimiste sur l’évolution de la police afghane. Elle avait fait des progrès ». Depuis le désengagement de l’armée française, la corruption aurait, notamment, fait son retour dans ses rangs. « J’espère que s’ils n’ont gardé qu’une seule chose que nous leur avons enseignée, c’est le contact avec la population ».
* « POMLT. Gendarmes en Afghanistan, 2010 », éditions Anovi (17 €).