Avec la signature d’une convention pour l’amélioration de l’accueil des femmes battues dans les commissariats et gendarmeries ce vendredi 18 avril, l’Essonne se dote d’un nouveau dispositif dans sa lutte contre les violences faites aux femmes.
Ce vendredi 18 avril, la Préfecture de l’Essonne, la police, la gendarmerie et quelques associations ont fait un pas de plus pour tenter d’améliorer la prise en charge des femmes victimes de violences conjugales. En signant une convention, ces différents intervenants ont convenu de nouveaux moyens pour optimiser la qualité de l’accueil de ces femmes dans leurs services respectifs. D’autant plus que leur nombre « ne cesse d’augmenter depuis le début de l’année », déplore le Préfet de l’Essonne Bernard Schmeltz.
Ainsi, le bilan essonnien concernant le total de femmes victimes de violences conjugales est plutôt morose. « Pour le premier trimestre 2014, nous notons une augmentation de 13% par rapport à l’année dernière au niveau de la zone police (Ndlr : qui s’étend majoritairement sur le nord du département et Étampes). Un mauvais résultat surtout que nous avions enregistré une baisse de 3% en fin d’année dernière », souligne Luc-Didier Mazoyer, directeur départemental de la sécurité publique (DDSP) de l’Essonne. Même situation pour la zone gendarmerie qui note un « accroissement de 25% par rapport à 2012 », selon le colonel Sylvain Duret.
Au total, ce sont donc plus de 1 680 femmes qui ont été victimes de violences conjugales sur l’année 2013, avec respectivement 1 215 cas recensés pour la zone police contre 466 pour le secteur administré par la gendarmerie. « Un fléau contre lequel nous devons lutter » clame le Préfet.
Être encore plus présent et efficace sur le territoire
Ironie du sort ou clin d’œil à l’Histoire, c’est donc tout juste 70 ans après l’obtention du droit de vote pour les femmes que cette convention devant améliorer la prise en charge des femmes violentées intervient. Le but de cet engagement est ainsi de mettre en place des permanences dans les commissariats et les gendarmeries pour « favoriser l’accueil de ces femmes », précise Émilie Marquis-Samari, chargée de mission départementale aux Droits des Femmes et à l’Égalité. L’objectif de cette convention est de « recentrer ces permanences en fonction du maillage territorial pour l’aide aux victimes, car c’est un maillage qui a beaucoup évolué ces derniers mois », poursuit la déléguée départementale.
Pour une partie d’entre elles, les permanences sont en service depuis 2007 dans certains commissariats et gendarmerie de l’Essonne. Elles ont jusqu’à présent permis à près de 1 500 femmes de « pouvoir trouver une aide », assure la déléguée. L’idée est de créer encore plus de permanences dans les endroits où « les violences intrafamiliales sont les plus fortes », explique Émilie Marquis-Samari. En plus des commissariats de Massy et de Juvisy dans lesquels il existait des permanences de ce genre, ceux de Montgeron et Corbeil-Essonnes accueilleront dans les prochains mois des cellules de ce type. Même chose dans la zone gendarmerie qui verra Limours et Angerville/Méréville se doter d’un de ces services dans les prochaines semaines. Elles s’ajouteront aux permanences déjà existantes de Dourdan et d’Arpajon.
Par le biais de cette convention, l’objectif est donc de permettre un meilleur accueil à ces femmes dans de nombreuses parties du département. Seulement, il ne s’agit pas là du seul avantage de ce projet. En effet, des formations seront aussi prévues pour permettre aux policiers et aux gendarmes de savoir « faire et dire les bonnes choses aux femmes victimes de violences conjugales » indique la déléguée départementale. Des mises en situation seront prodiguées aux personnels des commissariats et gendarmeries afin de mieux comprendre le comportement des victimes et des auteurs. Avec un partage d’expérience, « cela permettra aussi à ces effectifs de mieux connaître le réseau associatif d’aides aux victimes présentes sur le département afin qu’ils puissent orienter pour le mieux ces personnes », surenchérit le Préfet, comme le CIDF qui assurera les permanences d’accompagnement juridique, Paroles de Femmes qui se chargera de l’accompagnement psychologique et de Communauté Jeunesse « Établissement Femmes Solidarité 91 » qui s’occupera de la formation des gendarmes et policiers.
Des dispositifs qui ont déjà fait leurs preuves
« Un travail que réalisent conjointement de nombreux acteurs, résume Seymour Morsy, préfet délégué pour l’égalité des chances. D’autant plus qu’il s’agit d’un nouvel engagement qui fait suite au dispositif du téléphone d’alerte pour les femmes en très grand danger », se félicite Seymour Morsy. Présenté le 25 novembre à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, ce téléphone a déjà montré son efficacité.
Aujourd’hui, l’Essonne dispose de 10 téléphones portables. Pour le moment, quatre ont été attribués et une cinquième attribution serait à l’étude. Depuis décembre dernier, « ce dispositif a été utilisé une fois, rappelle la procureure, bien qu’il se soit avéré qu’il s’agissait plus d’un appel de panique, que d’un coup de fil de réelle détresse. Durant cette soirée, l’information a très bien et très vite circulé. Tous les services concernés se sont mis en ordre de bataille pour répondre à cette demande ». Ainsi, selon les forces de l’ordre et les différentes associations, ce dispositif serait déjà pleinement opérationnel.
Satisfaits de l’ensemble de ces dispositifs, ces mêmes intervenants prônent avant tout la qualité de ces nouveaux services pour la prise en charge des femmes victimes de violences et qu’ils joueront un rôle dans la reconstruction psychologique de ces femmes. « Nous devons faire barrage à cette violence privée qui ne cesse de croître de semaines en semaine […] En multipliant ces moyens, cela pourra peut-être endiguer ce problème majeur et surtout permettre à ces femmes de se reconstruire plus facilement », espère Bernard Schmeltz.