Les voleurs réduisaient en esclavage des hommes en situation de fragilité
Onze hommes qui volaient chez des personnes âgées viennent d’être interpellés par les gendarmes d’Angers. Le groupe forçait aussi des personnes sous curatelle à faire la manche.
Par Vincent GautronneauLe 7 février 2020 à 19h18, modifié le 7 février 2020 à 19h42
Des hommes fragiles réduits en esclavage, contraints de faire la manche et de reverser tous les gains à leurs tortionnaires. Des pauvres hères subissant au quotidien des traitements dégradants. Des victimes désocialisées, sous curatelle, mises sous la coupe d’un groupe criminel et contraintes de vivre dans des conditions indignes, parfois dans une voiture ou retenues presque prisonnières dans un campement de membres de la communauté des gens du voyage.
Onze membres de ce réseau criminel implanté à Saumur (Maine-et-Loire) viennent d’être mis en examen après avoir été interpellés, les 4 et 5 février, par les gendarmes de la section de recherches (SR) d’Angers. Six d’entre eux ont été écroués.
Quand ils commencent à s’intéresser à ces voyous implantés à Saumur, les gendarmes ne travaillent pas encore sur la traite d’êtres humains. Depuis quelques semaines, ils enquêtent sur des vols chez des personnes âgées, approchées par des démarcheurs ou des vendeurs de calendriers. Les vendeurs profitaient surtout de ce prétexte pour pénétrer chez ces proies faciles afin de dérober des bijoux ou de l’argent liquide. Quelques semaines après les premiers faits, les gendarmes commencent à s’intéresser à un groupe contrôlé à plusieurs reprises en train de vendre des calendriers ou diverses babioles. Des membres de la communauté des gens du voyage sédentarisés à Saumur.
Une dizaine de personnes «recrutées»
Convaincus que la vente de calendrier est juste un moyen d’approcher des personnes âgées, les enquêteurs mettent en place une surveillance sur le groupe. Et découvrent un rayon d’action beaucoup plus large qu’imaginé. « Ils sont suspectés d’une soixantaine de faits, confie un proche de l’enquête. Ils pouvaient faire des centaines de kilomètres pour frapper dans la Marne et même dans la région toulousaine. »
C’est d’ailleurs en multipliant les surveillances que les enquêteurs ont découvert, dans l’entourage du groupe, cette dizaine de personnes recrutées hors de la communauté et contraintes de mendier.
Le 4 février, plus de 200 gendarmes ont été mobilisés pour interpeller 13 suspects en Vendée, dans la Somme et la Vienne, ainsi qu’en Maine-et-Loire. Les enquêteurs ont saisi, au titre des avoirs criminels, des biens et des immeubles dont la valeur totale est estimée à près de 700 000 euros.