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Les pirates du net raffolent de ces temps de crise

Le recours massif au télétravail en raison du Covid-19 place les entreprises en situation d’extrême vulnérabilité face aux attaques numériques. Les particuliers sont aussi les cibles de mails piégés et de fausses annonces. Les gendarmes du groupe Cyber de la Section de recherches de Metz ont plusieurs enquêtes en cours. « Si on nous alerte tôt, on peut stopper les transferts de fonds. »

Par Textes : Kevin GRETHEN

Le groupe Cyber de la section de recherches est mobilisé depuis la crise pour traquer notamment les faux sites et les fake news. Photo RL /Gilles Wirtz

Les cyberattaquants sont « en fusion », image un spécialiste. Désorganisés par la crise, les secteurs de la santé et l’économie apparaissent comme « des proies faciles » pour les hackers et pirates du net. Le patron de section de recherches (SR) de Metz, le colonel Gérard Cligny précise : « Les entreprises sont déboussolées, elles doivent mettre en place de nouveaux protocoles, ont recours au télétravail mais toutes ne disposent pas des systèmes de protection nécessaires. Elles sont vulnérables en cette période où les attaques sont démultipliées. »

Mobilisé comme l’ensemble des services spécialisés sur le territoire, son groupe Cyber, qui a compétence sur le Grand Est, observe depuis le début de l’épidémie des fake news « comme le vol de cartons à l’aéroport de Vatry », traque des arnaques, remonte le fil de certaines fraudes.

Dans leur quête de masques et de produits sanitaires, plusieurs pharmacies de la région ont été la cible de réseaux se faisant passer pour leurs fournisseurs habituels. Trompées, elles ont perdu quelques milliers d’euros. La SR de Metz et l’office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) gèrent deux dossiers en Lorraine. « Des demandes de rançons ont également touché des établissements de soins. » A lire aussi

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« Les données sensibles doivent être chiffrées »

Les experts redoutent particulièrement le vol de données. « On mélange le privé et le professionnel. Beaucoup de salariés utilisent leur ordinateur personnel pour travailler depuis leur domicile. Il peut être utilisé par d’autres membres de la famille. C’est très dangereux. Dans les échanges professionnels, quand on transmet des données sensibles, elles doivent être chiffrées », recommande le général Philippe Baudoin, numéro 2 de la Région de gendarmerie et ancien patron du pôle judiciaire de l’Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale (IRCGN), qui gérait entre autres choses la cybercriminalité. « Les entreprises méconnaissent souvent les risques », appuie la capitaine Sophie Jouy de la sous-division financière, économique et numérique de la section de recherche.

« Trop souvent, les entrepreneurs ne portent pas plainte »

Le danger se cache dans des mails vérolés. « Les entreprises sont fragiles face aux tentatives d’intrusion sur leur réseau. Elles peuvent être infectées sans s’en rendre compte tout de suite. Les pirates récupèrent les données , exploitent les informations, reprend le colonel Cligny.

C’est comme ça qu’on arrive à des systèmes bloqués, des demandes de rançons ou de faux ordres de virement. Il faut redoubler de vigilance. » Le général Baudoin ne se montre pas fataliste pour autant : « Trop souvent, les entrepreneurs ne portent pas plainte parce qu’ils se disent que les auteurs ne peuvent être identifiés ou encore qu’ils se trouvent à l’étranger. C’est une erreur. Si les victimes ne veulent pas porter plainte, qu’elles signalent les faits au moins et donnent des renseignements ! Quand les services sont prévenus tôt, ils parviennent le plus souvent à bloquer les transferts de fonds. C’est arrivé il y a quelques semaines pour un faux ordre de virement qui a touché une entreprise. » La société va pouvoir récupérer 120 000 €.

Source : www.republicain-lorrain.fr

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