Charente-Maritime : les gendarmes traquent les voleurs d’huîtres sur le bassin de Marennes-Oléron
Contrôles en mer, sur terre, patrouilles dans les marais. Les gendarmes étaient de sortie jeudi après-midi et jeudi soir pour surveiller les exploitations ostréicoles du bassin de Marennes-Oléron. La période est très sensible pour les producteurs.
Les cabanes ostréicoles de notre région commencent à tourner à plein régime. D’ici à la fin de l’année, de nombreux producteurs d’huîtres vont réaliser jusqu’à 70% de leur chiffre d’affaires annuel. Un pic d’activité qui est aussi un moment de fragilité. Avec de nombreux coquillages ramenés à terre pour être affinés dans les claires, la tentation est forte pour les voleurs. D’où une opération coordonnée de la gendarmerie jeudi après-midi et jusque tard dans la nuit dans le secteur de Marennes-Oléron. Patrouilles dans les marais, contrôles en mer et à terre : une cinquantaine d’hommes étaient mobilisées.
Jeudi, 16h. Le chef de la brigade de gendarmerie de La Tremblade embarque avec un de ses hommes, pour une patrouille en voiture sur les chemins de marais au milieu des claires ostréicoles. Objectif : « montrer du bleu » comme disent les gendarmes. Se faire très visibles afin de dissuader les vols. Au volant, l’adjudant Eddy Slowinski, lui-même petit-fils d’ostréiculteur, est un fin connaisseur de ce monde, où les vols sont en baisse, il en a la conviction.
Mais pas question pour autant de relâcher la pression, promettent les gendarmes trembladais : « si on reste dehors, les gens le voient et les vols diminuent. Si on part, les vols recommencent ! » La patrouille est aussi l’occasion de venir à la rencontre des professionnels. Julien Bechemilh, par exemple, à la tête d’une grosse exploitation trembladaise : 500 tonnes expédiées chaque année. Et pour surveiller ses installations, un téléphone portable. « On a deux caméras qui filment à 360 degrés autour de l’établissement, avec une précision jusqu’à 150 mètres » décrit le jeune chef d’entreprise. « Et donc si on a des vols sur les marais, je suis prévenu immédiatement. Donc je visionne et si c’est dangereux, je vous appelle ! »
Les vols d’huîtres en baisse depuis 10 ans
Jeudi, 18h. Au bout du célèbre chenal de la Grève à La Tremblade, l’adjudant chef Christophe Laferrière revient tout juste d’une sortie en mer de trois heures, pour surveiller les parcs à huîtres de la Seudre. Le chef de la brigade nautique de La Rochelle tente d’empêcher les vols en mer : « en 2018, on a eu trois gros vols, dont le plus important est monté à 2,5 tonnes. » Des vols en mer qui ne peuvent être commis que par des ostréiculteurs : « pourquoi ? Parce qu’un vol de 2,5 tonnes, ça ne peut pas se faire à bord d’un bateau de plaisance. »
Malgré tout, Christophe Laferrière constate lui aussi une baisse du nombre de vols au fil des ans. « Il y a dix ans, on était à 40 tonnes. Pour l’instant en 2018, on en est à 6,6 tonnes. » Parmi les explications, un retour à une situation à peu près normale pour la production d’huîtres.
Jeudi, 19h. Dernière étape de cette opération spéciale : à la nuit tombée, une vingtaine de gendarmes prennent position à la sortie du rond-point du McDonald’s de Marennes, pour un contrôle routier cette fois, supervisé par le chef de la communauté de brigades de l’île d’Oléron, Pierre Thoumelin.
« On est volé par des ostréiculteurs ! »
Camions frigorifiques, fourgonnettes, une vingtaine de véhicules sont inspectés par les gendarmes. Dont plusieurs professionnels, comme Michel Bausmayer, ostréiculteur au Chateau-d’Oléron. Son coffre est vide mais le producteur approuve ce contrôle : « il en faut, car on est volé par des professionnels, des ostréiculteurs, je le dis franchement. Et il y en a ras-le-bol. » Lui-même affirme avoir subi de nombreux vols de coquillages dans sa carrière : « Ils savent que le week-end, nous ne sommes pas là car nous sommes partis faire nos marchés. C’est là qu’ils arrivent et qu’ils se servent. Mais on ne peut pas être partout ! C’est pour ça que ces contrôles sont utiles ! »
L’opération s’achève sans découverte d’infraction. Mais ces contrôles ne sont pas vains, assure le capitaine Pierre Thoumelin.
Dans le secteur de Marennes-Oléron la surveillance des exploitations ostréicoles va encore s’intensifier. Mi-décembre les patrouilles deviendront mêmes quotidiennes. De jour comme de nuit.