Lundi 15 juin 2020 21:00 Guidel et Locmiquélic. Les gens du voyage plient bagage … |
Les gendarmes mobiles étaient annoncés ce lundi pour procéder aux expulsions à Guidel et Locmiquélic (Morbihan). Les caravanes ont décampé à partir de midi de leurs occupations illicites.
Quelques signes rageurs et des paroles aigres douces, balancées à la volée, à l’attention de la policière municipale. Les gens du voyage ont plié bagage sous la contrainte ce lundi à 14 h 30, mettant fin à l’occupation illégale du complexe sportif de Locmiquélic. Les quinze caravanes avaient investi, vendredi midi, le terrain de foot de la commune, dans une ambiance très tendue. Nathalie le Magueresse, maire de Locmiquélic, avait tenté de s’y opposer. Elle avait été prise très vivement à partie, jusqu’à être poussée par une voiture.
Trop heures plus tard, vendredi, rebelote, avec l’installation sous tensions de quinze autres caravanes dans le parc de Pen-Mané. Là encore des échauffourées, amenant le préfet et le sous-préfet à se rendre sur place, en présence de 70 gendarmes de la compagnie de Lorient.
Une plainte pour violences aggravées
Les arrêtés préfectoraux d’expulsion étaient tombés vendredi soir, avant d’être notifiés aux gens du voyage dans la foulée. Le tout en annonçant très clairement l’intervention des gendarmes mobiles ce lundi.
À Pen Mané, comme au Complexe sportif, les gens du voyage ont préféré lever le camp, plutôt que de subir l’assaut des forces mobiles.
Nathalie Le Magueresse a porté plainte pour violences aggravées avec arme (la voiture) sur personne chargée de missions de service public. « J’ai eu la peur de ma vie. J’ai pris des risques en voulant faire mon job. Ils nous rigolaient au nez ». La maire s’ouvre aujourd’hui sur son soulagement. « Le soutien du préfet et du sous-préfet a été un symbole fort qui montre qu’on ne peut pas tolérer n’importe quoi. » Nathalie Le Magueresse demande du même coup que le législateur se penche sur la question. « Il faut que les maires soient en mesure de faire respecter la loi. » En clair qu’ils puissent s’opposer immédiatement aux intrusions illicites.
Des échanges vifs
À Guidel, le maire Jo Daniel a eu lui aussi un week-end mouvementé. Samedi midi, une quinzaine de caravanes se sont invitées dans le parc Gauguin. Les échanges ont été vifs, sans pour autant tourner à l’affrontement. L’arrêté préfectoral d’expulsion a été notifié en soirée. Avec pour effet immédiat de provoquer le départ des caravanes dimanche midi. Guidel, qui dispose d’une aire d’accueil permanente de douze emplacements et qui accueille une aire de regroupement familial dans la zone d’activité de Pen-Mané, devait encore faire face à l’occupation du centre Franco-allemand, par une trentaine de caravanes, depuis le 25 mai.
Là encore, « ils sont partis d’eux-mêmes ce lundi midi, avant l’arrivée des gendarmes mobiles, souligne Jo Daniel. Le problème est ici réglé momentanément, mais pas sur le fond. » Ils décampent d’un lieu pour s’installer dans un autre. « Cela risque d’être cela tout l’été. »
« Faire en sorte que cela se passe bien »
Dix caravanes, précédemment à Riantec, ont débarqué dimanche midi dans le parc de Kerzec à Quéven. Le portail d’entrée a été explosé. Marc Boutruche, le maire, a été mis devant le fait accompli. « Après pour les faire partir bon courage ! Une fois qu’ils sont installés, il vaut mieux faire en sorte que cela se passe bien. ». Aussi explique-t-il avoir obtenu des gens du voyage, qui campaient au départ sur l’arboretum, de se déplacer dans une autre partie du parc. La question de la circulation des véhicules et donc de la sécurité des promeneurs a conduit à rouvrir une ancienne voie d’accès condamnée. Des poubelles ont été mises en place. Enedis est venu vérifier le placard électrique, pour éviter les branchements sauvages. « Si cela ne dure que trois semaines, ça ne sera pas la mer à boire », relativise Marc Boutruche.
Il sait le sujet sensible et crispant. « Oui cela crée des tensions ». Mais il pose le problème en d’autres termes. Le terrain de regroupement familial, justement mis à disposition à Quéven cet été par l’agglomération dans la zone d’activité du Morillon, est totalement inadapté. Un champ de cailloux plutôt que de l’herbe. « Tout a été fait à l’envers. Ils n’en veulent pas ».
L’agglomération propose chaque été trois terrains d’un hectare. Le confinement a plombé la possibilité de rendre ces sites attractifs.
Marc Boutruche considère qu’il faut une modification des règles d’urbanisme, pour que les communes puissent être à la manœuvre. « Il faudrait que l’État accepte qu’on puisse designer dans nos PLU des terrains, qu’on aurait le temps de préparer. » Les zones seraient sanctuarisées. Avec pour chaque commune l’obligation de les mettre à disposition, une fois tous les six ans, selon la règle de l’alternance en vigueur actuellement.
Renaud GARNIER. Ouest-France