Les gendarmes d’Ille-et-Vilaine formés à l’audition d’enfants victimes ou auteurs de violences
Mardi 30 janvier 2018 à 4:49
Par Céline Guétaz, France Bleu Armorique
Une quarantaine de gendarmes d’Ille-et-Vilaine est formée en ce moment à l’audition d’enfants victimes ou auteurs de violences. La formation assurée par des médecins et psychologue se déroule au CHU de Rennes où il existe une salle dédiée à ces auditions de mineurs.
« Il n’y a quasiment plus une seule audition d’enfants dans nos brigades de gendarmerie. Elles se déroulent toutes dans cette salle Mélanie, au CHU Pontchaillou, avec des gendarmes formés » explique Cécile Peronnet, référente à la gendarmerie pour le ressort du Tribunal de Grande Instance de Rennes. Une quarantaine de gendarmes volontaires suivent actuellement une formation pour recueillir cette parole précieuse et déterminante dans leur enquête. Elle doit permettre d’obtenir des renseignements fiables.
On ne pose pas de questions à l’enfant pour ne rien lui suggérer
Après un entretien avec un psychologue, l’enfant entre seul dans la petite salle avec un enquêteur. Dans cette salle nue, l’enquêteur va l’écouter « sans jamais suggérer de réponses » explique Cécile Peronnet. Les gendarmes sont en effet formés au protocole NICHD (National Institute of Child Health and Human Development), une technique américaine d’audition, qui implique de ne pas poser de questions, pour ne pas suggérer de réponses. « C’est la technique de référence aujourd’hui » explique le docteur Renaud Bouvet, chef du service de médecine légale. « C’est une conversation, une discussion, on écoute l’enfant sans jamais prononcer les mots « pourquoi, comment, est-ce que », on lui dit plutôt, parle-moi de… » explique Katell Lanvollée, gendarme à Pacé près de Rennes, elle suit actuellement la formation. L’objectif est que l’enfant dise ce qui s’est passé, pour que son audition ne soit pas attaquable lors d’un éventuel procès.
Tout se déroule dans le même lieu pour éviter à l’enfant de répéter ce qui l’a traumatisé.
Après son audition, l’enfant peut rencontrer de nouveau un psychologue mais aussi subir des soins médicaux et entamer des soins, tout cela dans le même service. « Tout se déroule dans le même lieu et sur une demie journée le plus souvent. cela permet d’éviter à l’enfant de redire ce qui l’a traumatisé » explique le colonel François-Xavier Lesueur, le patron des gendarmes d’Ille-et-Vilaine. Quarante gendarmes sont actuellement formés dans le département, et l’objectif est de former un gendarme par brigade.
Dans l’unité dédiée au CHU de Rennes, 214 enfants ont été entendus en 2017, essentiellement pour des agressions sexuelles. Une unité dédiée existe aussi à Saint-Malo.