Les élus apprennent à désarmer la violence
Publié le 10/05/2021 à 05:10 , mis à jour à 05:15
Pas besoin de se creuser trop longtemps la tête. Des exemples de personnes agressives venant les invectiver à la mairie pour des raisons x ou y, souvent futiles, les élus en ont suffisamment. Malheureusement !
Des situations que la trentaine de présents ont rejoué pour l‘atelier organisé par les deux négociateurs de la gendarmerie. Objectif : réussir à désamorcer l’agressivité de l’interlocuteur grâce aux techniques que leur ont données les militaires.
Et ils étaient nombreux à se prêter au jeu avec un entrain manifeste. Ce qui a pu occasionner quelques rires, également.
Vendredi à Cagnac-les-Mines, la première formation de gestion des incivilités au profit des élus était organisée par la compagnie de gendarmerie d’Albi. Elle concernait le secteur nord.
« La prochaine sera pour le secteur sud. Puis il y en aura à Gaillac et à Castres », explique Sophie Lambert, commandante de la compagnie. De très nombreux élus avaient demandé à en être. Les deux sessions affichent complet.
« Aujourd’hui, on sent une évolution. On a besoin d’être préparés. On a conscience de ce à quoi on peut être confrontés », assurent trois maires, qui avouent être confrontées régulièrement à des violences verbales. « Il n’est plus à démontrer que l’exercice d’un mandat municipal est une activité classée désormais à hauts risques », souligne la gendarmerie.
Cette formation de quatre heures a été développée par la cellule nationale de négociation du GIGN en lien avec l’association des maires de France, afin d’être au plus près des besoins des élus.
Négociateurs formés par le GIGN
La formation est dispensée par deux négociateurs de la gendarmerie. Celui du Tarn et celui du Lot. « Nous avons la chance d’avoir le seul du Tarn. Ce sont eux qu’on envoie quand quelqu’un est retranché ou sur une prise d’otage. Ils ont été choisis après une batterie de tests psychologiques puis formés par le GIGN », explique la commandante.
Fort heureusement, les élus n’auront pas à gérer de telles situations.
« Il n’est pas question de se décharger sur les élus. On leur donne les outils pour temporiser le temps qu’on arrive. Le but est d’éviter qu’ils soient agressés », insiste Sophie Lambert. Et c’est là que l’expérience des deux négociateurs est essentielle. Baisser le niveau d‘agressivité s’apprend. Par la gestuelle, la parole…
« Il faut rester stoïque, le calme désarçonne »
« Si la personne a fait la démarche de venir à la mairie, c’est qu‘il sait que peut-être vous pouvez quelque chose pour lui », rappellent les gendarmes. Autre conseil : prendre à part le mécontent, mais ne jamais complètement s’isoler non plus. « Il faut rester stoïque. Le calme désarçonne », ajoutent les militaires.
Enfin, tous les gendarmes n’ont eu de cesse de le marteler aux élus : « Si à un moment vous sentez que ça part, il faut vous sortir de là, partir et appeler la gendarmerie ». « Il ne faut pas se mettre en danger ».
Et la commandante de rappeler qu’il faut porter plainte à chaque insulte. « Il ne faut pas tomber dans la banalisation », conclut-elle.
E.D