Les coulisses des « Experts »
La cellule d’identification criminelle d’Amiens est au coeur des enquêtes de la gendarmerie. Rencontre avec ces techniciens à qui rien n’échappe.
Dans leur laboratoire physico-chimique, les techniciens procèdent aux relevés d’empreintes, comme sur cet extincteur examiné dans le cadre d’une affaire de vol.
Tout ce que l’on voit dans les séries télé américaines, on peut le faire, mais il nous faut plus de temps, 45 minutes, c’est trop court. » Le maréchal des logis chef Cédric Sakowicz et l’adjudant-chef Marc Forterre sont deux des cinq techniciens de la cellule d’identification criminelle de la gendarmerie, basée à Amiens.
Et le terme d’experts, en référence aux feuilletons à succès déclinés dans plusieurs villes américaines, ils ne le réfutent pas. « C’est un peu galvaudé aujourd’hui, mais oui, ce sont des experts, le terme est tout à fait justifié », souligne le colonel Erwann Ropars, commandant du groupement. Et il suffit de pénétrer dans leur laboratoire pour comprendre. Un équipement sophistiqué leur permet de « faire parler » les empreintes.
« Leur rôle est devenu central dans nos enquêtes, même si après, on recoupe. Le groupe est rattaché à la brigade de recherche et d’investigation judiciaire. Ces techniciens sont à la fois des hommes de terrain qui peuvent intervenir très rapidement, comme ça a été le cas à Mers-les-Bains récemment, et des ingénieurs de police technique et scientifique », explique le colonel.
En moyenne, quatre jours de travail pour un objet
Concrètement, deux cas de figures peuvent se présenter à ces spécialistes. Le premier : l’intervention sur la scène du délit ou du crime, où ils procèdent aux relevés nécessaires avant de passer aux analyses dans leur laboratoire. « Ce sont les premiers instants qui sont déterminants », précise le colonel.
Les empreintes identifiées sont ensuite comparées à celle enregistrées dans leurs bases de données. Ils peuvent aussi demander l’avis d’autres experts, comme cela a été le cas dans l’affaire Kulik, pour laquelle un spécialiste a analysé une bande son.
Second cas de figure : les gendarmes des différentes brigades du département leur font parvenir des empreintes et/ou des objets à analyser.
Pour chaque trace ou objet, le processus est long et minutieux. Un objet demande en moyenne quatre jours de travail. Aucune erreur n’est possible car les preuves présentées devant la justice doivent être irréfutables. « On doit être garant de la traçabilité de la preuve pour qu’on ne puisse pas la remettre en cause. »
Deux techniciens travaillent en permanence. Ils sont disponibles 24 heures sur 24, tous les jours de l’année. Alors, quand on est une équipe de cinq, le tour revient vite. « Un sixième technicien ne serait d’ailleurs pas de trop », confie l’adjudant-chef.
Ces hommes sont parfois rappelés pendant leurs jours de repos ou leurs vacances, enchaînent de temps en temps des gardes de plusieurs jours… « On sait quand on part, jamais quand on revient… » résume l’adjudant-chef. Dur, dur pour la vie de famille… Mais c’est un choix assumé.
Source : www.courrier-picard.fr
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