Les affaires de violences conjugales sont leur « priorité » : au cœur d’une unité de gendarmerie spécialisée
MOBILISATION – Alors que le nombre d’interventions pour des violences dans le cercle familial ne cesse de grimper, certains commissariats ont débauché des équipes spécialisées pour accueillir les victimes et traiter plus rapidement les dossiers.
ML – Publié aujourd’hui à 09h44, mis à jour à 09h53
Un nouvel arsenal de mesures, pour tenter d’endiguer le fléau des féminicides, qui a fait 102 victimes en 2020. Le ministre de l’Intérieur a annoncé dimanche dans les colonnes du Parisien que les plaintes pour violences conjugales seraient désormais traitées en priorité, et qu’un officier spécialisé s’attellerait à ce sujet dans chaque commissariat et brigade de gendarmerie.
Les mains courantes seront également « proscrites », avec pour objectif que « 100% des constatations se transforment en plainte ou signalement », a-t-il souhaité dans cet entretien.
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400.000 interventions pour des violences intrafamiliales en 2020, « soit 45 interventions par heure »
Le ministre promet également de renforcer le recrutement d’officiers de police judiciaire, tandis que les violences intrafamiliales constituent une part écrasante des dossiers traités dans les commissariats et brigades de gendarmerie. Elles « sont en train de devenir le premier motif d’intervention des policiers et gendarmes », a affirmé Gérald Darmanin : plus de 400.000 interventions des forces de l’ordre ont été liées à des violences intrafamiliales l’an passé, « soit 45 interventions par heure », précise le ministre.
Dans certaines zones, le fléau s’est déjà imposé comme le sujet numéro 1, et des efforts particuliers sont déjà déployés. C’est le cas à la brigade de gendarmerie d’Hirson, dans les Hauts-de-France, où une unité de gendarmes spécialisés est mobilisée. Là-bas, un cas de violence intrafamiliale est signalé chaque jour, dans la région la plus touchée de France par le phénomène.
Samedi dernier, une scène sordide mais fréquente se déroule à l’hôpital de la ville : une femme se présente, le visage couvert de contusions, le corps marqué par des plaies et des hématomes. Son compagnon l’a suivie dans la salle d’attente des urgences, « voulant récupérer sa compagne », raconte l’adjudant Florent, brigadier chef, dans le reportage en tête de cet article. Il est finalement interpellé et placé en garde-à vue, tandis que la femme et ses enfants seront mis à l’abri.
« Nous sommes détachés, on ne fait que ça » : quatre gendarmes débauchés à plein temps à Hirson
Pour enquêter sur un territoire de 15.000 habitants, quatre gendarmes spécialisés sont débauchés à plein temps sur ces affaires. « C’est une priorité, puisque nous sommes détachés, on ne fait que ça, commente le brigadier Océane, membre du groupe de répression des infractions contre la famille, les femmes et l’enfance. On n’a pas les autres astreintes, qui reviennent aux autres gendarmes. On ne traite que les infractions intra-familiales. » En place depuis sept mois, cette unité traite les dossiers plus rapidement, avec un gain de temps estimé à plusieurs semaines par rapport au fonctionnement d’une brigade classique.
En plus des référents dédiés à ces affaires, chacun des militaires a été formé à ces sujets. Ils « bénéficient d’échanges avec les antennes sociales, les intervenants sociaux » et sont en mesure de « faire remonter des situations où il y aurait des difficultés », souligne l’adjudant Florent.
Cette vigilance de chaque instant est d’autant plus précieuse que ces violences se multiplient l’été. Plus fréquentes le week-end, elles sont perpétrées généralement « en fin de journée, ou dans le courant de la nuit, souvent sur fond d’alcool, et dans des milieux socialement défavorisés » détaille le commandant Henrique Ferreira.
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Des plateformes de signalement accessibles 7j/7, 24h/24
La brigade s’appuie aussi sur une plateforme de signalement en ligne : magendarmerie.fr. Récemment, une habitante de la commune a témoigné avoir reçu des coups de la part de son mari, et les gendarmes ont pu intervenir. « Il suffit de se connecter, et ensuite vous envoyez un simple SMS, explique le gendarme. Ces militaires répondent sept jours sur sept, 24 heures sur 24. » Il est également possible de signaler des violences sur moncommissariat.fr. « Une application sera créée à la rentrée », a promis de son côté le ministre de l’Intérieur.
Une seconde plateforme du service public permet également d’échanger avec un personnel des forces de l’ordre en cas de violence conjugale, sexuelle ou sexiste, avec possibilité d’effacer l’historique de discussion de son ordinateur ou de son téléphone portable à tout moment : service-public.fr/cmi.
Outre ces dispositifs d’urgence, il est également possible de contacter une ligne dédiée aux femmes victimes de violences : le 3919, gratuit et anonyme, accessible 24 heures sur 24 du lundi au vendredi et de 9h à 18h les samedi et dimanche. Les horaires seront étendus les week-ends à la fin de l’été, selon le site du service public.
ML