Chaumont : l’école de gendarmerie inaugure sa première e-compagnie, formée aux usages numériques
L’école de gendarmerie de Chaumont (Haute-Marne) inaugure une e-compagnie. La 509e promotion de la plus ancienne école de gendarmerie de France bénéficiera des enseignements traditionnels, avec un bagage numérique en plus. C’est une première en France.
Publié le 28/07/2021 à 18h46 • Mis à jour le 28/07/2021 à 19h01
Haute-MarneChaumontChampagne-Ardenne
C’est une première nationale, doublée d’une expérimentation prometteuse. L’école de gendarmerie (EG) de Chaumont (Haute-Marne) passe à l’ère du numérique en ayant incorporé, le lundi 28 juin 2021, une e-compagnie de gendarmerie.
Il s’agit de la 509e promotion de la plus ancienne école de gendarmerie de France (la 500e promotion devait être fêtée en 2020 mais il y a eu le covid). Elle suivra les mêmes enseignements que les autres promotions, mais bénéficiera en plus d’une formation spécifique tournée vers le numérique.
Les 112 élèves de cette promotion étudient à la caserne Danrémont, située au nord de la ville. L’école dispose aussi d’une installation de tir et d’un terrain d’entraînement d’une superficie de 67 hectares autour de Chaumont (voir sur la carte ci-dessous).
France 3 Champagne-Ardenne a interrogé le colonel Alexandre Royer, chef de la division de la formation à l’école de gendarmerie de Chaumont. Il présente dans le détail cette fameuse « e-compagnie de gendarmerie » dont le Journal de la Haute-Marne a révélé l’inauguration récente.
Et rappelle que malgré son bagage numérique, elle reste une compagnie d’instruction classique. Qui n’a pas de vacances : les cours ont déjà commencé même si c’est l’été. « Pour l’instant, on est dans le tronc commun sans encore aborder les matières spécifiques [au numérique]. »
Pour une gendarmerie plus numérique
« Ces élèves ont vocation à rejoindre toutes les unités traditionnelles de la gendarmerie. Ils ne sont pas destinés à devenir tout de suite des spécialistes. » Comprendre qu’il n’y aura pas de brigade spéciale numérique : ces élèves formés aux technologies les plus modernes iront disséminer leurs compétences un peu partout en France, et seront un appui numérique précieux pour leurs collègues.
Leur expertise : les systèmes d’information (SI), la cybercriminalité… Ou encore la communication : ce domaine est bien utile à la gendarmerie des Vosges (Lorraine), pionnière en la matière.
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« Le but assigné par le directeur général dans son plan d’action GEND 20.24« , complète le colonel, « c’est d’irriguer toute la gendarmerie au fur et à mesure, pour y développer cette culture du numérique. Le numérique est de plain-pied dans notre société. » La formation dure huit mois, avec en plus quatre mois au sein d’unités de gendarmerie. Par rapport à la formation classique, il y a une semaine de cours en plus.
Malgré leur bagage numérique, ces élèves resteront à pied d’égalité avec les autres. « Leurs compétences seront les mêmes que tous les autres élèves en sortie de formation : en termes de savoirs, savoir-faire et savoir-être. Auxquels s’ajoutent ces compétences numériques. Bien sûr, elles ne seront pas acquises au détriment du socle de formation initiale. »
Chaumont était idéale pour cette expérimentation. « Notre école est parfaitement aménagée en termes de réseau wi-fi, dans les bâtiments d’hébergement comme d’instruction ou en extérieur. Les élèves ont été dotés de moyens informatiques en mobilité : chaque élève est doté d’un ordinateur portable et d’une tablette Néogend qui lui permet d’avoir accès aux progiciels et différents outils. » Avant le combat tactique qui est au programme, les élèves passeront aussi par le numérique via « une salle de simulation pour acquérir les cadres d’ordre, les répéter, et ainsi gagner du temps ».
Ce qu’apprennent à la base les élèves est dense. « Formation tactique au combat militaire – car nous sommes militaires – et intervention professionnelle. Ce qui comprend le maniement des armes, les règles d’intervention et de contrôle… Formation également à la police judiciaire [enquêter et réprimer les infractions; ndlr], à la sécurité des territoires et des mobilités : comment entrer en contact avec la population, comment dialoguer… Les différentes méthodes de police de la route également, pour intervenir sur les accidents… » Voici donc le tronc commun, sans oublier l’entraînement physique.
« On est au tout début du projet »
Ces élèves pourront donc agir « sur tout le spectre d’intervention de la gendarmerie ». Développer une culture du numérique, ce n’est pas rester derrière un ordinateur, « bien au contraire », dément le colonel. Cette culture comprendra les systèmes d’information et de communication précédemment cités, mais aussi « un travail sur le futur système radio de la gendarmerie, la cartographie numérique, les cyber-menaces, les analyses des systèmes de données, la recherche de renseignements sur Internet en source ouverte ». Un exemple pertinent : repérer une manifestation non-déclarée sur Facebook.
Le but est de généraliser et développer un programme numérique plus conséquent.
Colonel Alexandre Royer, chef de la division de la formation à l’école de gendarmerie de Chaumont
« On est au tout début du projet », conclut le colonel Alexandre Royer. « Le but à courte échéance est de le généraliser et développer un programme numérique plus important. Voir si celui de cette première e-compagnie convient, éventuellement l’affiner sur certains points. Et commencer à l’augmenter sur plusieurs compagnies. D’ici la fin de l’année, la décision sera prise. » À voir si ces compagnies seront uniquement à Chaumont, ou dans les autres écoles, comme celles de Dijon, Tulle ou Rochefort…
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Vincent Ballester partager cet article